Depuis la paracha Vayéchève jusqu’à la fin du livre de Béréchit, la Torah nous raconte la vie de Yossef et ses frères. Après avoir été vendu en tant qu’esclave en Egypte, il accède au pouvoir dans notre paracha Mikets. Puis une grande famine conduit ses frères à se rendre dans ce pays, pour y habiter dans la paracha Vayigach.
Ce passage de la Torah est resté une énigme pour les commentateurs : comment de tels Tsadikim ont-ils pu vendre leur frère? De nombreuses réponses ont été données, et nous allons tenter d’expliquer ce sombre épisode à partir des enseignements du Chem Mischmouel.
Il est écrit dans le traité de Sota (10, a) que Yosef sanctifia le nom d’Hachem en secret alors que Yéhouda le fit en public. Ce rav explique que ces deux tsadikim avaient chacun une approche différente du service divin. Pour Yosef, tout devait être fait en silence, en secret. Ainsi, il se faisait passer pour un homme simple. Comme il est écrit qu’il jouait avec les enfants de Bila, il avait une belle coupe de cheveux… A l’inverse Yéhouda représentait la royauté. Il pensait qu’il fallait au contraire encourager les autres, être un exemple afin que toutes les créatures servent Hachem. Or chacun voulait transmettre sa vision religieuse à ses élèves. Les frères de Yossef adoptèrent la pensée de Yéhouda et voyaient en Yossef un danger pour le judaïsme. C’est pourquoi ils décidèrent, pour l’amour d’Hachem et de la Torah, de le faire disparaître.
Il faut savoir qu’il existe du positif et du négatif dans chacune de ces pensées. Lorsqu’on sert Hachem secrètement, on s’éloigne de la recherche des honneurs. C’est un travail plus personnel et authentique. Mais d’un autre côté, on se met en danger. Car une personne qui dégage une image de religieux ne peut pas se permettre de transgresser la Torah en public. Le regard de l’autre le protège de la faute. Alors que celui qui passe pour un homme simple peut plus facilement tomber. A l’inverse, un service dévoilé permet de se rapprocher des gens, d’être un exemple. Cependant c’est un service parfois plus superficiel. On peut vite faire les Mitsvot pour faire bonne figure, pour les honneurs ou même parfois pour l’argent. D’un autre côté, ce déguisement protège l’homme de la faute.
Plus que cela, ajoute le Chem Mischmouel, tout dépend des époques, des lieux et des gens. Lorsque les bné Israël sont en exil, alors Hachem attend de nous un service plus discret. Alors que lorsqu’on est en Eretz Israël, l’attitude de Yéhouda paraît plus adéquate. De plus, certaines personnes ont des natures plus discrètes et se sentent plus proches de la vision de Yosef. En d’autres mots, il n’existe pas une seule vérité dans le service divin. De nombreux chemins mènent, eux aussi, à Jérusalem.
Nous pouvons retirer une grande leçon de cette histoire de Yossef et ses frères. On a parfois du mal à comprendre comment certaines personnes vivent leur judaïsme. On a du mal à accepter l’attachement à Rabbi Nahman, ou au Rabbi de Loubavitch. On ne comprend pas forcément le mouvement sioniste ou encore le mode de vie des orthodoxes. La Torah nous apprend que la source de l’exil provient de cette fermeture d’esprit. Nous devons savoir que, de même que nos visages sont différents, nos cœurs et nos sentiments ne se ressemblent pas.
Il est écrit qu’à la fin des temps viendront le Mashiah fils de Yossef puis le Mashiah fils de Yehuda pour nous libérer. Ce ne sera que lorsqu’on acceptera le judaïsme de chacun que surviendra la Délivrance. Afin de réparer la vente de Yossef, nous devons commencer à accepter et à aimer chaque juif. Alors qu’Hachem nous aide à être unis afin de recevoir Mashiah très prochainement, amen ken yéhi ratson.