Après plus de vingt ans chez Lavan, Yaacov et sa famille retournent enfin en Terre Sainte. Une seule ombre entache ce beau come back… Essav,accompagné de quatre cents soldats,excusez du peu,se dirige vers eux pour les tuer. Yaacov avinou, nous dit la Torah dans notre paracha Vayichlakh, envoie alors des présents pour faire la paix. Il prie Hachem de le sauver de ce danger puis se prépare à la guerre. Finalement,après avoir vaincu l’ange d’Essav dans une lutte mystique, il se trouve confronté à son frère jumeau. A la surprise générale, la guerre n’a pas lieu. Essav refuse même les cadeaux de Yaacov et repart vers Seïr.
Le midrach Raba ( chapitre 75) enseigne que lorsque rav Houna faisait un discours sur la paracha Vayichlakh, il commençait de cette façon… Il est écrit dans le livre de Michlé, les Proverbes (26, 17) : « Celui qui se mêle d’une querelle qui ne le concerne pas ressemble à un homme qui tient l’oreille d’un chien. » Il risque de se faire mordre gratuitement, nous dit Rachi zal. Cela ressemble à un homme qui doit traverser une forêt dangereuse dans laquelle un brigand brutalise tout celui qui s’y aventure. Armé de son courage, l’homme commence son voyage. Soudain, il voit un homme gisant par terre. « Réveille- toi l’ami, ce n’est pas un lieu pour dormir! » chuchote notre bon voyageur au dormeur de la forêt. L’homme se lève, prend alors son bâton et commence à le taper et le dépouiller. « Tu n’aurais pas dû me réveiller» lui crie le brigand. Ce verset fait référence à Yaacov avinou lors de sa rencontre avec Essav, conclut le Midrach. C’est pourquoi Hachem réprimanda Yaacov avinou et lui dit : » pourquoi lui envoyas-tu des cadeaux et pourquoi l’appelas-tu « mon maître? » Essav ne faisait que se rendre vers sa ville Seïr.
Lorsque nous lisons ce Midrach, nous avons une bonne raison d’être étonnés. En quoi la paracha que nous lisons ressemble-t-elle à la parabole citée ci-dessus et au verset rapporté par rav Houna? En effet, Essav a fait le serment de tuer Yaacov avinou. Après plus de trente ans, les 14 ans à la Yéchiva de Chem et Ever et les années chez Lavan, sa haine contre son frère unique n’avait pas diminué. A peine Yaacov se dirige-t-il vers la terre d’Israël qu’il recrute une armée pour le tuer. Alors comment reprocher à Yaacov avinou de se préparer à cette lutte et d’envoyer des cadeaux à Essav ?
Le rav Michkovski chlita explique au nom de ses maîtres que lors des bénédictions qu’ Itshak donna à Yaacov, il dit : « la voix est la voix de Yaacov et les mains sont celles d’Essav. » En outre, les sages dans le Midrach Eikha Raba ( chapitre d’ouverture 2) ont enseigné : » Tant que la voix de Yaacov se fait entendre dans les synagogues et dans les maisons d’étude, Essav ne peut le dominer. Mais si la voix de Yaacov ne se fait plus entendre, alors les mains d’Essav peuvent le gouverner. » La Torah dévoile que la lutte entre le monde occidental et le peuple juif ne dépend que de la voix de Yaacov. Si nous nous rassemblons dans les maisons d’étude pour apprendre et enseigner la Torah, et si nous prions comme il se doit, aucun peuple ne peut avoir d’emprise sur nous. Aucune armée ne peut nous atteindre.
Lorsque Yaacov avinou envoya ses émissaires à Essav,ils annoncèrent à ce dernier que Yaacov habitait chez Lavan jusqu’à présent . A priori, qu’importait à Essav le domicile de Yaacov » jusqu’à présent ? » Rachi zal explique que « j’ai habité » possède la même valeur numérique que les 613 Mitsvot. Ainsi Yaacov voulait annoncer à son frère qu’il n’avait pas quitté le droit chemin chez Lavan. Il avait respecté la Torah et les Mitsvot.
Désormais,nous pouvons comprendre le sens du Midrach initialement rapporté. Hachem reprocha à Yaacov avinou d’avoir envoyé des cadeaux à Essav et de s’être prosterné devant lui alors qu’ il n’avait rien à craindre. Puisqu’il avait gardé la Torah et les Mitsvot chez Lavan, les mains d’Essav ne pouvaient pas l’atteindre. Lui et son armée pouvaient bien l’effrayer, se diriger vers lui, ils ne pourraient en aucun cas lui causer de dommages. Car tant que la voix de Yaacov résonnait, aucun ennemi ne pouvait le toucher. C’est pourquoi Yaacov ressemblait à cet homme,dans la forêt,qui réveilla un brigand endormi !!
Nous apprenons de cette paracha quel doit être notre regard face à la menace des nations du monde. De nombreux dirigeants désirent que les étudiants des yéchivot aillent à l’armée. Ils pensent que tant que toutes les mains de enfants de Yaacov ne s’engagent pas dans le service national, Israël se trouve en danger. La Torah nous prévient qu’il n’existe pas une plus grande menace que cela. Au contraire, si nous désirons vivre en paix, nous devons faire entendre le son de nos voix dans toutes les maisons d’études du monde et dans toutes les synagogues. Chacun doit comprendre que le sort des juifs d’Israël et du monde entier ne dépend que de leur sérieux dans leurs prières et dans leur étude. Alors essayons d’être le plus utile possible à notre peuple, engageons-nous définitivement dans le service Divin et aidons le monde de la Torah qui vit des heures si difficiles actuellement.