Lorsque le prophète Jérémie réprimanda une petit groupe de porteurs, des déménageurs de l’époque, qui profanaient le jour du Chabat, il leur dit: « Ecoutez la parole de l’Eternel. Prenez soin de vos vies, ne sortez pas de charges le jour du Chabat et ne transgressez pas d’autres interdits. Mais si vous n’obéissez pas, Je mettrai le feu aux portes de Jérusalem. Il dévorera ses palais et ne s’éteindra pas. »(Jérémie 17, 21-27) Nos sages s’interrogent face à la punition à priori démesurée prophétisée par Jérémie. En effet, comment expliquer qu’Hachem menaça de détruire toute la ville de Jérusalem? Pourquoi des milliers de personnes pieuses et craignant Dieu devaient-elles être punies à cause des fautes d’une minorité?
La guémara,dans le traité de Sanhédrine (27, b),nous enseigne que chaque juif est le garant de tous les autres. De même qu’une personne qui s’engage à payer la dette contractée par son ami se doit de rembourser si celui ne paie pas, chaque juif qui peut empêcher un autre de commettre un délit tout en le laissant faire porte sur lui la faute de son frère. Et c’est pourquoi les habitants de Jérusalem, en laissant ces porteurs profaner le Chabat librement, se rendaient passibles de la même punition. En cela, le peuple juif se différencie de toutes les autres nations. Notre peuple n’est pas un ensemble d’individus avec une histoire et un but communs. Le peuple juif représente un seul corps. Et chaque individu constitue un membre, un organe, un nerf de cet immense ensemble. Ainsi, lorsqu’un juif faute, en plus d’abîmer son âme, il met tout notre peuple en danger. Le Hafetz Haïm zal illustre notre responsabilité collective à l’aide de la parabole suivante. Un homme s’embarque sur un gros bateau de croisière. Dans sa valise se trouve un marteau-piqueur. Après quelques jours de voyage, les passagers entendent un bruit bizarre qui sort d’une des chambres. Les matelots frappent à la porte du passager en le sommant d’arrêter. « Tu vas tous nous tuer, qu’est-ce que tu fais?! » hurlent-ils. Soudain le bruit s’arrête, le voyageur glisse son titre d’embarquement sous la porte et s’écrie: « J’ai loué cette cabine toute la semaine, je fais ce que je veux!! »
La paracha de la semaine, Michpatim, est le prolongement de celle de Yitro. La Torah nous enseigne un grand nombre de lois qu’Hachem transmit à Moché Rabénou avec les dix commandements. Or c’est pendant le don de la Torah que nous avons pris sur nous cet engagement. Comme il est écrit (24,3) »Et Moché alla et raconta tout ce qu’avait dit Hachem ainsi que toutes les lois, et tout le peuple répondit d’une même voix et ils dirent: nous ferons toutes les choses qu’Hachem demanda. » Le rav Even Ezra zal explique que le peuple répondit comme s’il était qu’un seul corps. Ainsi, lors du don de la Torah, notre peuple cessa d’être un ensemble et devint une seule entité.
De nombreuses personnes peuvent se dire qu’il est injuste que tout le monde paie à cause de certains qui ne désirent pas supporter le joug divin. Nous devons savoir que cet engagement s’applique également dans le sens contraire. Parfois, l’ensemble n’est pas méritant mais, par le mérite de quelques tsadikim, nous jouissons collectivement de bienfaits matériels et spirituels. On raconte qu’il y a de nombreuses années, une terrible sécheresse sévissait dans une région. Malgré tous les efforts des sages et du peuple, rien n’y faisait: la pluie ne tombait pas. Un des tsadikim vit dans un rêve que si le cocher du village priait pour la pluie, sa prière serait agréée. Les sages se rendirent donc chez le cocher, qui n’était pas un homme très pratiquant,et lui demandèrent de prier. A la surprise générale, à peine avait-il fini que des nuages foncés recouvrirent le ciel. Une pluie torrentielle s’abattit sur la région et sauva les habitants d’une famine inévitable. Les sages demandèrent au cocher s’il n’avait pas fait une mitsva spéciale. Il réfléchit et avoua que,peu de temps auparavant,il avait accompagné une femme hors du village. Celle-ci lui avait confié que son mari avait été fait prisonnier par un seigneur à cause de leurs nombreuses dettes. Pour le sauver et rendre l’argent, elle comptait se rendre en ville et se déshonorer. Dès qu’ils arrivèrent en ville, le cocher vendit sa calèche et ses chevaux afin de libérer son mari. Ainsi, grâce au mérite d’un seul homme, toute la région fut sauvée. Voilà l’aspect positif de cet engagement.
A la lumière de cet enseignement, chaque juif doit comprendre la responsabilité qu’il porte sur ses épaules. A travers nos mitsvot, nos prières et nos études, nous avons la possibilité de déverser sur tout notre peuple toutes bénédictions de la Torah: la santé, la réussite, la paix ou de faire couler le navire, Has Véchalom. Alors prenons nos responsabilités et relevons le défi. Ne restons pas indifférents aux souffrances de toutes ces personnes en difficulté physique, morale et financière. Accomplissons la volonté Divine de toutes nos forces afin d’apporter les délivrances et la joie autour de nous. Nous vous souhaitons un bon Chabat, à très bientôt.