Dans la paracha de la semaine, Vayéchev, la Torah raconte l’histoire de la vente de Yossef Atsadik par ses frères. Yaacov avinou demanda à son fils Yossef de rejoindre ses frères qui faisaient paître les moutons. Une fois arrivé auprès d’eux, ses frères le jugèrent et le condamnèrent à mort.
Réouven, pensant ainsi revenir et le sauver, réussit à les convaincre de ne pas le tuer et de le jeter dans un puits. Cependant, pendant son absence, Yéouda décida de le vendre à des commerçants Ischmaélim comme esclave. Yossef sera acheté ensuite en Egypte par la maison de Potifar. Lorsque Réouven retourna voir ses frères à coté du puits, il était déjà trop tard. Yossef n’était plus.
« Où était Réouven lors de la vente de son frère? » demande le Midrach. D’après un avis, il retourna chez lui servir son père. Et, selon un autre, il alla faire Téchouva puisqu’il avait enlevé la couche de son père de la tente de Bila, la servante de Rahel. De nombreux commentateurs s’étonnent face à ses réponses. Réouven demeure le seul qui désire sauver Yossef… Il savait que ses frères désiraient le mettre à mort… Comment a-t-il donc pu, dans un instant si critique, partir servir son père ou faire Téchouva ?
Pour mieux comprendre le comportement de Réouven, revenons sur la paracha de la semaine dernière. Après la mort de Rahel iménou, Yaacov choisit la tente de Bila pour être sa résidence principale. Réouven fut très affecté par la peine de sa mère, Léa, qui était délaissée pour une servante. Il entra dans la tente de Bila, prit le lit de son père et le plaça dans la tente de sa mère. Cet acte fut très reproché à Réouven. « Impétueux comme les eaux, tu perdis les grandeurs qui t’étaient destinées parce que tu montas sur la couche de ton père » lui dira Yaacov avant de mourir. Ainsi, il perdit son droit d’aînesse parce qu’il ne fit pas assez cas de l’honneur de son père. En effet, même si sa revendication était légitime, il aurait dû d’abord parler avec Yaacov avinou, et lui raconter la tristesse de sa mère. En entrant ainsi dans la tente de Bila, il manqua de respect à son père et lui causa une grande peine.
Désormais, essayons de comprendre le sens du Midrach cité plus haut. Lorsque ses frères condamnèrent à mort Yossef sans penser à la peine que cela allait entraîner à leur père, Réouven comprit qu’il était fautif. Lui seul était responsable du comportement de ses frères. En effet, en voyant comment Réouven avait fait justice à sa mère sans se soucier de l’honneur de Yaacov, ils tirèrent la conclusion suivante: il est permis de faire des Mitsvot même si cela fait souffrir leur père. Ainsi, même si Réouven avait fait Téchouva sur sa faute, il n’avait pas encore fait Téchouva sur les conséquences de sa faute. C’est pourquoi, tout de suite après avoir mis Yossef dans le puits, il courut vers son père pour montrer à ses frères que l’honneur de Yaacov devait précéder leur décision juridique. Et il fit Téchouva sur la mauvaise influence qu’il eut sur eux.
La guémara, dans le Talmud Kidouchine (40,a) enseigne que lorsque nous faisons des Mitsvot ou des fautes, il y a le salaire ou la punition pour l’acte lui-même mais également pour ses conséquences, pour « les fruits »engendrés. En d’autres termes, Hachem récompense un homme pour le bien qu’il a fait directement ou indirectement.
Le Rav Benchetrit raconte souvent l’histoire d’un adolescent qui voulait faire Kippour. Pour éviter les réflexions de ses parents, qui étaient opposés à la Torah, il décida de dormir chez un copain qui n’était pas très pratiquant. Le jour de Kippour, le jeune commença une très longue marche vers la synagogue. Lorsque son copain, qui avait choisi d’y aller en voiture, le croisa sur la route, il lui proposa à nombreuses reprises de monter et de terminer le chemin avec lui. Mais le jeune homme refusa et lui répéta qu’il était interdit, à Kippour, de prendre la voiture. Quelques années plus tard, le jeune homme était en visite à Jérusalem. Dans une des rues du quartier religieux, il croise le copain qui l’avait hébergé des années auparavant Cependant, il était difficilement reconnaissable dernière sa longue barbe et ses papillotes. Sans plus attendre, il lui demanda : » Que s’est il passé? Comment es tu devenu religieux? » « Tout commença ce fameux Kippour, » répondit son ami. Lorsque je vis avec quelle volonté tu voulais respecter cette Mitsva, j’ai compris qu’il y avait quelque chose de vraiment important. Alors j’ai débuté ma recherche de la vérité…
Ce jeune homme qui resta un juif plus ou moins pratiquant recevra des récompenses sur toutes les Mitsvot que son copain et ses enfants firent par la suite puisque c’est grâce à lui, en partie, que son ami fit Téchouva. Malheureusement, l’inverse existe aussi. Lorsqu’un homme provoque le relâchement dans le service divin d’autrui, que ce soit volontairement ou non, comme ce fut le cas pour Réouven, il détient une part de responsabilité. C’est pourquoi il faut toujours faire attention à être un exemple positif, en particulier envers ses proches. Il faut veiller à arriver à l’heure à la synagogue et à ne pas parler pendant les offices. Nous devons essayer de ne pas prononcer de vulgarités à la maison et de ne pas nous énerver afin de toujours influencer positivement nos enfants. Dans quelques jours, nous allumerons les premières bougies de Hanouka. Cette fête possède de nombreux messages importants à transmettre à nos familles…Alors ne passons pas à côté de cette occasion.