Cette semaine, nous lirons en Israël, Béézrat Hachem, la Paracha Kédochim. Au début de la troisième montée, il est écrit: « Lorsque que vous arriverez en Eretz Israël, et que vous planterez des arbres fruitiers, pendant trois ans les fruits seront Orla: vous ne les mangerez pas. » Le Midrach Raba enseigne,au nom de Rabi Yéouda bar Siman, à propos de ce verset: « Marchez sur les pas d’Hachem votre Dieu ». Peut-on marcher derrière Hachem? demande le Midrach. Imitez votre Créateur: de même qu’Il planta des arbres au début de la création- comme il est écrit: » Hachem planta un jardin à Eden- » vous aussi, lorsque vous entrerez en Israël, occupez- vous de planter des arbres: » Lorsque que vous arriverez en Eretz Israël, et que vous planterez des arbres fruitiers… »
Essayons de comprendre ce Midrach. A plusieurs endroits, nos sages nous incitent à ressembler à Hachem. De même qu’Il est miséricordieux, sois miséricordieux. De même qu’Il est patient, sois patient… Puis nous trouvons dans le traité de Sota (14,a) : de même qu’Il habille les pauvres, visite les malades, console les endeuillés… Comporte-toi comme Lui afin de te rapprocher de Lui. Si nous comprenons l’importance de ces différents comportements, nous pouvons nous interroger sur la grandeur de planter des arbres. Et surtout, en quoi ressemblons- nous à Hachem lorsque nous semons des graines?
Pour répondre à cette question, intéressons- nous à une histoire que nous raconte le Midrach Vayikra Raba 25: un jour, le César Adrien passa près de Tibériade et vit une personne âgée qui se trouvait dans son verger et plantait des graines de figuiers. Il s’approcha de lui et demanda: « Quel âge as tu? »- » J’ai cent ans, » répondit le vieux juif. Alors l’empereur intrigué continua: » Tu as cent ans! Penses- tu vraiment que tu vas profiter de ces fruits? » Le juif répondit: « Si j’ai le mérite, j’en mangerai, sinon mes enfants en profiteront. » Avant de partir, le César ordonna au juif de le prévenir s’il avait un jour le mérite de profiter de ses plantations.
Quelques années plus tard, le vieil homme récolta ses premiers fruits. Il se présenta alors au palais d’Adrien avec un panier plein de figues. « Je suis le vieil homme que tu vis sur la route planter des figues. Baroukh Hachem, je suis en vie, et voici un petit cadeau. » Adrien ordonna alors à ses serviteurs de l’assoir sur une chaise en or et de lui remplir son panier de dinars en or. Ses serviteurs demandèrent à voix basse: » Tout cet honneur pour un vieux juif? » Adrien répondit: » son Créateur l’honore, et moi je ne vais pas l’honorer? »
Une voisine de ce vieux juif apprit la récompense qu’il reçut pour avoir offert un panier de figues à l’empereur. Elle appela son mari et lui demanda d’apporter à l’empereur, lui aussi, des fruits de son jardin. Lorsque l’empereur vit ce juif et son panier de fruits, il ordonna à ses serviteurs de lui jeter chaque fruit à la tête jusqu’à ce que son visage soit défiguré par les coups.
Comme nous le savons, les Midrachim ne viennent pas pour raconter des histoires. Chaque enseignement nous transmet des leçons pour mieux Servir Hachem et accomplir la Torah. Essayons de comprendre le message de ce Midrach. En règle générale, lorsqu’un homme rend service à quelqu’un, il fait cela pour son intérêt personnel. Soit pour que les gens disent qu’il est bon, soit pour qu’on lui rende ce service en cas de besoin…Seul un acte envers un mort s’appelle « Une vraie Bonté » car il n’y a rien à attendre en retour. Ce vieux juif enseigna à Adrien une grande leçon. Il est écrit dans la Torah: » Lorsque que vous arriverez en Eretz Israël, et que vous planterez des arbres fruitiers… »Or la terre d’Israël n’avait pas besoin de ces plantations car les arbres étaient déjà pleins de fruits. Hachem ordonna de planter ces arbres afin de Lui ressembler. A l’image du créateur qui donne à ses créatures sans rien attendre en retour, nous devons apprendre à donner » gratuitement », sans recherche d’un quelconque intérêt. Ainsi, en plantant des arbres dans des régions qui ne sont pas les nôtres ou en plantant, comme ce vieux juif, pour les autres, nous pouvons ressembler à Hachem. Lorsqu’Adrien entendit cette leçon, il comprit qu’il y avait une grande sagesse dans cela et récompensa ce juif pour cet enseignement. A l’inverse, le voisin prouva par son cadeau qu’il en attendait un intérêt. Adrien lui démolit alors le visage pour lui faire comprendre qu’il avait changé le vrai visage du monde, qui est de faire pour l’autre.
Rabi Haïm Mivologine zal écrit dans l’introduction de Néfech Hahaïm que l’homme n’a été créé que pour aider les autres. A chaque instant de notre vie,nous pouvons accomplir le but de notre venue sur Terre et nous rapprocher d’Hachem. Pour cela, levons les yeux vers les autres et essayons de leur tendre la main. Pensons un peu moins à nous et un peu plus aux autres.
