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Le salaire des petites souffrances

par Itshak Nabet

Dans la paracha de la semaine Chelakh, nos ancêtres sont arrivés devant la frontière d’Eretz Israël et sont enfin prêts à hériter de leur terre. Le peuple, inquiet, décida d’envoyer douze chefs de tribu afin d’explorer le pays et de préparer les futures opérations militaires. A leur retour, après quarante jours, les explorateurs dénigrèrent les bienfaits de leur patrimoine et décrivirent avec angoisse la situation: « C’est une terre qui mange ses habitants, le taux de mortalité y est extrêmement important! De plus ce sont des ennemis redoutables qui vivent avec des géants. Nous ne pourrons jamais les vaincre! »

En entendant ces propos, les bné Israël pleurèrent et regrettèrent d’être sortis d’Egypte… Vous connaissez la suite, Hachem condamna cette génération à ne pas entrer en Eretz Israël et à errer dans le désert pendant 40 ans. Lors des réprimandes que Moché adressa au peuple avant de mourir, il reprocha aux bné Israël d’avoir envoyé des explorateurs et d’avoir retardé ainsi leur entrée en terre sainte. « Hachem nous avait donné ce pays, déclara-t-il, nous pouvions en hériter sans aucune arme, sans guerre, en seulement trois jours si nous avions eu confiance en Lui. Mais nous nous sommes découragés devant l’adversaire comme si Dieu ne pouvait pas nous aider et voici quarante ans que nous tournons dans le désert. »

En effet, nous disent nos sages, les juifs auraient dû conquérir la terre sans aucune difficulté, en seulement quelques jours. Pourtant, s’étonne le Sfat Emet, il est enseigné dans le traité Brahot(5,a) que trois cadeaux ne peuvent être acquis sans souffrance: la Torah, la terre d’Israël et le monde futur. Et nous pouvons tous constater la véracité de cette guémara: combien de souffrances notre peuple endure depuis plus de cent ans pour pouvoir rester sur un petit bout de notre terre, combien de guerres, d’attentats? Combien de sang a coulé…? S’il en est ainsi, comment Hachem avait- il comme projet de nous faire entrer après seulement trois jours de marche dans le désert? Et plus encore, comme nous le savons, les bné Israël voyageaient en première classe, les nuées qui entouraient le camp les protégeaient de la chaleur, des serpents, aplanissaient le sol…c’est-à-dire sans aucune souffrance, alors comment résoudre cette contradiction?

Le Sfat Emet explique que si nos ancêtres étaient entrés en Israël après trois jours de voyage, les petites souffrances endurées pendant ce trajet, mal aux jambes et autres fatigues liées à tout déplacement, étaient suffisants pour mériter d’acquérir notre terre sacrée. Car tout inconvénient, même les plus minimes, comme mettre ses vêtements à l’envers, ou rater son bus…provient d’Hachem et permet d’effacer les fautes commises. Ainsi celui qui comprend cela et qui accepte avec amour chaque situation désagréable peut se purifier entièrement. C’est pourquoi nos ancêtres auraient très bien pu effacer toutes les fautes commises en Egypte et devenir aptes à entrer en Eretz Israël grâce aux quelques souffrances liées au voyage. C’est-à-dire qu’ils auraient pu réparer en trois jours l’équivalent des quarante ans dans le désert, soit 4700 fois plus.

Ainsi, mes chers amis, ce rav nous a transmis une clef pour pouvoir optimiser chaque petit désagrément de notre quotidien. En prenant conscience que le hasard n’existe pas, en nous renforçant dans notre foi que tout vient d’Hachem et que chaque événement négatif a pour but d’effacer nos fautes, nous pouvons nous purifier entièrement afin de mériter la Torah, la terre d’Israël, le monde futur et éviter ainsi de très nombreuses épreuves lo alénou. Et s’il en est ainsi pour des inconvénients mineurs, combien de fautes sont effacées lorsqu’une personne nous fait honte, nous blesse ou nous cause une perte financière? Et à l’inverse,que gagne celui qui s’énerve contre son sort ou contre son prochain? Au lieu d’effacer ses fautes, il en ajoute de nouvelles.

C’est pourquoi nous devons remercier le créateur pour chaque petit pépin de notre vie, comme il est écrit dans le traité Brahot(60,b) qu’un homme est obligé de louer Hachem pour le mal comme pour le bien. Car c’est grâce à ces petites souffrances qui bordent les routes de nos vies que nous pouvons réparer nos erreurs et être exemptés des souffrances du monde futur. Alors essayons de retenir cet enseignement du Sfat Emet que le Rav Arouch a développé dans son livre Chaaré bétoda, et efforçons- nous de l’appliquer à chaque instant afin d’annuler tous les décrets sur nous et nos frères juifs, d’apporter la bénédiction matérielle et spirituelle dans le monde et de mériter la Torah, Eretz Israel et le monde futur, amen ken yéhi ratson.

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