Dans la paracha Noah, la Torah nous raconte comment Hachem détruisit le monde par l’intermédiaire d’un déluge. Après une année dans l’arche, Noah découvrit la terre dévastée. Il n’y avait plus d’homme, plus d’animaux, plus de végétation. Un silence glacial entourait Noah. C’est dans ce contexte qu’il commença à reconstruire. Il planta une vigne. Très vite, il récolta du raisin et en fit du vin. « Il but du vin et s’enivra. Puis se dénuda dans sa tente. Il vit Ham le père de Cénaane la nudité de son père, et appela ses frères qui étaient dehors. Il prit Chem et Yefet un vêtement, le déployèrent sur leurs épaules, et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père … »
Rachi zl pose la question, pourquoi est-il écrit : « Il prit Chem et Yefet » au singulier, il aurait fallu dire : Ils prirent Chem et Yefet… La Torah nous apprend que Chem s’investit plus dans la Mitsva que son frère, et c’est pour cela que sa récompense fut plus grande que celle de Yafet : les enfants de Chem méritèrent la Mitsva de Tsitsit, de mettre des fils aux coins des vêtements à quatre coins, alors que la récompense de Yafet est que les descendants de Gog seront enterrés après la guerre de Gog Oumagog à la fin des temps.
Le rav Zelman Soroskine, dans Oznaïm la Torah, explique le rapport entre la Mitsva qu’ils firent et leur récompense. Les vêtements apportent de l’honneur à l’homme. Ainsi, en habillant leur père, ils le respectèrent. De même, Hachem promit à Chem que ses enfants, les bné Israël, auraient la Mitsva de Tsitsit. Cela inclut qu’ils auront des vêtements pour pouvoir placer les Tsitsit. Ainsi, c’est une récompense mesure pour mesure: il habilla son père et mérita que sa descendance soit vêtue. De même, le fait d’être enterré représente aussi une forme d’honneur, mesure pour mesure.
Finalement, nous pouvons comprendre une terrible leçon de cet épisode. Ces deux frères firent la même Mitsva. Chem, cependant, l’accomplit avec plus de ferveur, avec tous ses membres, et sa récompense fut des vêtements que l’on met sur un vivant. Yafet, qui suivit son frère, et accomplit la Mitsva sans volonté, mérita l’enterrement de ses enfants, une forme d’honneur pour eux qui n’ont déjà plus de volonté. De plus, Chem qui fit l’action avec rapidité, reçut sa récompense assez vite alors que Yafet ne la recevra qu’à la fin des temps. Nous voyons que chaque détail est pris en considération par Hachem, Rien n’est dû au hasard.
Mais plus que ça, la Torah nous dévoila la différence entre celui qui se force à faire la Mitsva avec volonté et conviction et celui qui l’accomplit sans investissement. Il est évident que si Yafet avait su qu’il serait écrit dans la Torah « il prit » au singulier, il aurait couru pour couvrir son père. Mais il ne prit pas conscience de l’importance de cet acte. Hélas, très souvent, il nous arrive également d’accomplir les Mitsvot comme des leçons apprises à l’école. Rachi zal nous réveille à ce sujet et nous prouve que le même acte peut avoir deux dimensions complètement différentes en fonction de l’investissement, de l’effort et du cœur de celui qui l’accomplit. On raconte que lorsque le Hatam Sofer commença à être reconnu, son ancien compagnon d’étude de la Yéchiva lui rendit visite. Puis lui demanda : explique-moi comment c’est possible que je fusse considéré comme plus fort que toi à la Yéchiva, et qu’aujourd’hui, te voila un des grands de la génération et moi non ? Le Hatam Sofer le regarda et lui dit : « Tu te rappelles quand on rentrait en calèche à la maison après une journée d’étude ? Toi, tu regardais les montagnes, le ciel, la nature. Alors que moi, je révisais tout ce qu’on avait étudié dans la journée. » Ainsi ces quelques minutes en plus, ce petit investissement transformèrent ce jeune homme en géant de la Torah.
Alors efforçons-nous, mes amis, d’ accomplir les Mitsvot de tout notre cœur, de tout notre être. Ne prions pas par habitude… Au contraire, profitons de ce moment pour parler avec Hachem. Rajoutons quelques minutes de Torah dans nos journées car chaque investissement vaut des millions aux yeux de notre Créateur. Nous vous souhaitons Chabat Chalom.