Lors du mois d’Elloul, nous avons l’habitude de répéter dans les Sélihot la fameuse prière Vayaavor, dans laquelle nous citons les treize attributs de miséricorde. Nous trouvons l’origine de cette coutume dans le traité de Roch Hachanna (17,b) dans le que Rabi Yohannan explique le sens du verset » Vayaavor Hachem al panav vayikra… Chémot (34;6) (la traduction de ce verset est la suivante: Hachem passa devant lui et proclama: « Hachem, Hachem, Tout puissant, miséricordieux et Charitable, il est patient et tarde à se mettre en colère, il est plein de bonté et de vérité.Il offre ses biens à la millième génération, il efface les fautes volontaires, les rebellions et les fautes involontaires et il purifie…). Ce rav disait: la Torah nous apprend ici qu’Hachem s’enveloppa de son Talith à la manière d’un officiant de synagogue et montra à Moché Rabénou cette prière. Puis Il lui dit: Lorsque les bné Israël fauteront, qu’ils fassent cela devant Moi, et Je leur pardonnerai. » De nombreux sages relèvent qu’il n’a pas été dit: « qu’ils disent cela devant Moi ». A travers cette allusion, Rabi Yohanan voulait nous apprendre que le meilleur moyen pour qu’Hachem efface nos fautes est de Lui ressembler. Et comme le développe le Ramak zal dans son livre Tomer Dévorah: de même qu’Il est bon, sois bon avec les autres. De même qu’Il est patient, sois patient…Ainsi, un des travaux essentiels du mois d’Elloul et de Tichri est d’essayer au maximum de se renforcer dans notre comportement avec autrui.
Une des idées fondamentales du jour de Roch Hachanna est qu’Hachem est « assis » sur son trône de justice. Comme nous l’avons expliqué, c’est le jour pendant lequel toutes les créatures passent devant Lui et sont jugées. Or notre objectif, pendant ces quarante huit heures, est qu’Il se lève de ce siège, c’est-à-dire de ce statut de Juge, et qu’Il s’assoie sur celui de Miséricorde pour nous inscrire dans le livre de laVie. Ainsi, tout le déroulement de ces deux jours à travers les prières, notre Téchouva, le chofar, le séder du soir…vise à transformer la rigueur en amour. C’est pourquoi nos maîtres nous demandent, en particulier pendant les jours à venir et jusqu’à Yom Kippour, de nous efforcer de ressembler au Tout Puissant dans ce point en particulier. Nous devons également nous lever de notre siège de juge afinde nous asseoir dans celui de Miséricorde.
Pour comprendre comment réaliser ce service divin, nous devons connaître un dernier point à propos du jugement céleste. Le Hafetz Haïm zal, dans son livre Chmirat Alachon, explique qu’Hachem juge chacun en fonction de la manière dont il juge les autres. Ainsi, lorsqu’on voit une chose qui ne paraît pas « cachère » dans le comportement d’autrui ou dans son discours, nous avons deux possibilités: soit la juger péjorativement et accabler son attitude, soit la juger favorablement en supposant que nous n’avons pas tous les éléments de l’histoire ou que cette personne ne sait pas forcément que cette chose est interdite… Si nous avons la mauvaise habitude d’inspecter le comportement et de condamner notre entourage, il faut savoir que les accusateurs divins visionneront eux aussi nos actions et nos mitsvot avec un peigne très fin. Mais si nous prenons l’habitude de ne pas trop relever les imperfections de nos amis et de toujours bien interpréter leurs actes, mesure pour mesure, les anges accusateurs, en se montrant plus cléments, seront contraints de nous défendre.
Si nous désirons donc réellement qu’Hachem s’assoie sur son trône de Miséricorde, nous devons tout faire pendant ces quelques jours à venir pour juger tout le monde positivement. Et si nous y prêtons attention, nous pouvons ressentir une tension particulière lors de cette période qui n’existe pas toute l’année. Nos sages expliquent qu’Hachem envoie tous ces événements porteurs de contrariétés afin d’observer notre jugement. Ainsi, chaque accrochage représente une occasion pour nous, si nous y réagissons bien, de faire pencher la balance vers la Vie. Mais pour réussir à transformer ces mauvaises pensées qui surgissent instinctivement, nous devons prendre conscience de plusieurs points. Premièrement, ce que l’on croit être une faute ou un mauvais comportement se révèle très souvent être une mauvaise interprétation de l’événement, bien loin de la réalité. De plus, même si sans aucun doute, il s’agit d’une faute, de nombreuses raisons, que nous ne connaissons pas, et qui peuvent amoindrir la gravité de ce comportement, peuvent exister. Enfin, nous devons nous rappeler que, de même que nous possédons sur certains points un Yetser Ara très fort que nous n’arrivons pas à surmonter, il existe chez chacun des domaines qui lui semblent indépassables. Or, comme nous ne savons pas délimiter ni les capacités ni les difficultés d’autrui, tout jugement ne peut être qu’erroné.
En outre, si nous essayons de trouver à chacun des circonstances atténuantes, nous augmentons nos chances d’être inscrits dans le livre de la Vie et de nous protéger des accusations. Ainsi, en nous levant de notre siège de juge, nous permettons à Hachem de s’asseoir sur son trône de Miséricorde et de décréter à notre encontre tous les bienfaits spirituels et matériels dont nous avons besoin pour l’année prochaine. Alors, qu’Hachem nous aide à l’imiter en jugeant tout le monde positivement et qu’Il déverse toutes les bénédictions inscrites dans cette paracha sur notre peuple, amen ken yéhi ratson.