Paracha Ki Tavo: Apporter ses Bikourim (prémices)
par Itshak Nabet
La paracha de la semaine, Ki-Tavo,s’ouvre sur la Mitsva de Bikourim et se ferme sur les 98 malédictions que Moché profère contre celui qui n’écoute pas la voix d’Hachem et ne respecte pas ses Mitsvot. La Mitsva deBikourim consiste à apporter au Temple les premiers fruits d’Israel: figuier, grenadier, olivier, vigne, dattier, champs de blé et d’orge. Chaque juif possédant un de ces arbres dans son champ ou son jardin devait placer leurs premiers fruits dans des paniers décorés. Puis les habitants d’une région se réunissaient et montaient vers Jérusalem accompagnés par un orchestre. Une fois dans la ville sainte, le cortège était accueilli avec beaucoup d’honneurs avant d’apporter ses offrandes au Temple.
Le Midrach Tanhouma sur la paracha enseigne: « Lorsqu’un homme veut faire une demande à un roi de chair et de sang, combien d’argent dépense-t-il pour espérer pouvoir lui parler? Et malgré tous ses efforts, le roi peut accepter sa requête ou la refuser. Les choses sont différentes avec le Roi des rois. En effet, lorsqu’un homme descendait dans son champ, prenait quelques grappes de raisin,des grenades et des figues, les apportait àJérusalem et demandait au Créateur une liste de requêtes personnelles, une voix céleste se faisait entendre dans le Temple et disait: «Que l’année prochaine, tu mérites d’apporter encore des offrandes comme aujourd’hui.» En d’autres termes, ses prières avaient été agréées et il était certain de vivre jusqu’à l’année prochaine. Essayons à présent de comprendre pourquoi celui qui faisait cette Mitsva méritait une bénédiction particulière. En outre, nous savons que le prophète Ezra institua de lire cette paracha avant RochHachana afin de finir l’année avec ses malédictions. Il paraît évident que ce n’est pas au hasard que nous lisons cette Mitsva de Bikourim tous les ans juste avant ce grand jugement, alors quel lien existe-t-il entre elle et les malédictions de notre paracha? La Torah s’ouvre par ces mots « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » Nos sages du Midrachexpliquent que pour trois Mitsvot qui s’appellent « commencement » le Monde a été créé : le prélèvement de la Hala, du Maaser et des Bikourim. Ainsi Hachem conçut les hommes, les animaux, les végétaux…pour cetteMitsva de Bikourim. Essayons de comprendre quel message si particulier véhicule cet ordre divin.
Le Ramban zal,à la fin de la paracha Bo,explique qu’avant la Création du Monde, Hachem régnait déjà seul. Alors,s’il en est ainsi, pourquoi toute cette création? Il répondit qu’Hachem ne créa le monde et l’homme que dans le seul but qu’on le reconnaisse et le remercie de nous avoir créés. LeAlcher akadoch lui aussi expliqua que l’unique but de l’homme sur Terre est de le reconnaître, le louer et de ne pas être ingrat. Or la Mitsva deBikourim ancrée dans le cœur de chaque juif marque l’importance de remercier son Créateur. Même celui qui ne possédait que quelques grenadiers dans son jardin devait partir pendant quelques semaines, s’il venait du Nord, pour remercier Hachem pour ces quelques grenades. Ainsi cette Mitsva reflète-t-elle le but de toute la Création et surtout de notre venue sur Terre. A notre époque, même si le Temple et les Bikourimn’existent plus, nous pouvons accomplir le cœur de cette Mitsva. Il nous suffit de remercier Hachem pour chaque respiration, chaque jour sur Terre, pour la santé qu’il nous accorde, pour le mérite de faire ses Mitsvot, pour les habits, le toit sur nos têtes, la nourriture…
Nos sages nous enseignent que le premier homme qui fit preuve d’ingratitude fut Adam Arichone. En effet, après qu’Hachem lui eut donné le Gan Eden rempli de fruits et de bienfaits, une femme…Lorsqu’il fauta et mangea le fruit interdit, il dit à Hachem « Cette femme que Tu m’as donné, c’est elle qui m’a fait fauter. » Rachi nous dit qu’à cet instant, il fit preuve d’ingratitude. Et tout de suite après,il fut maudit et dut travailler la Terre à la sueur de son front. Le Hida explique que lorsqu’un homme travaille la terre, récolte des fruits et exprime sa reconnaissance envers Hachem, il expie la faute d’Adam Arichone et justifie la Création de l’homme.
Ainsi,comme nous l’avons constaté avec Adam Arichone, un homme qui ne sait pas remercier reçoit la malédiction. Et à l’inverse, l’homme qui présentait ses fruits au Temple et remerciait Hachem méritait la bénédiction du Créateur. Nous pouvons comprendre désormais pourquoi nous lisons à quelques jours de Roch Hachanna cette paracha. La Torah veut nous dire que si nous désirons commencer l’année prochaine avec les bénédictions que nous souhaitons, nous devons tout d’abord apporter nos Bikourim. Nous devons remercier Hachem pour ces 348 jours que nous avons déjà vécu depuis Roch Hachanna. Pour tous les bienfaits qu’Il nous offrit cette année. En faisant cela, nous pouvons éviter les 98 malédictions que nous lirons ce Chabat et mériter d’entendre la voix céleste nous dire : à l’année prochaine, amen ken yéhi ratson.
Dvar Torah inspiré d’un discour du rav Rozenblum chlita.