Au début de la paracha Toldot, la Torah nous raconte comment Essav vendit son droit d’aînesse à son frère Yacov. Rappelez-vous, ce dernier préparait un plat de lentilles pour consoler son père endeuillé suite à la mort d’Avraham Avinou. « Alors Essav arriva épuisé des champs. Il demanda à son frère de lui verser de ce rouge rouge ( adom adom) dans la bouche. Et c’est pourquoi on l’appela Edom. »
La guémara, dans le traité de Baba Batra (16, b) enseigne qu’Essav commit cinq fautes ce jour-là : il tua un homme, fit preuve d’idolâtrie, abusa d’une femme fiancée, renia Hachem et le monde futur. Et pourtant, malgré la gravité de ces actes, les gens ne le qualifièrent pas de tueur ni de violeur ou d’impie, mais l’appelèrent Edom parce qu’il demanda du « rouge rouge ». Encore plus étonnant, pourquoi la Torah ne dévoila-t-elle pas explicitement ces fautes mais choisit-elle cet épisode des lentilles ?
Le rav Itshak Zilberstein explique que cet acte nous montre la source du mal d’Essav : il n’arrivait pas à se contrôler. Lorsqu’il désirait une chose, il la lui fallait tout de suite. Sans même réfléchir un instant aux conséquences. Le Ramban explique qu’il était sûr qu’il allait mourir avant son père. C’est pourquoi il était prêt à vendre son droit d’aînesse pour un plat de lentilles… Ce comportement est extrêmement grave. Car celui qui agit ainsi en arrivera à voler, à tuer. Et c’est pour cela que la Torah nomma Essav Edom. Et effectivement, à la fin de la paracha, lorsqu’Itshak Avinou bénit ses enfants, pensant qu’il allait mourir, Essav regretta d’avoir vendu son droit, mais il était déjà trop tard.
A l’inverse, la Torah nous apprend à ne jamais agir avec précipitation. Il faut réfléchir calmement même dans les zones de turbulence. Par exemple, dans la Méguilat Ruth, il est écrit que Ruth se rendit au milieu de la nuit chez Boaz pour qu’il la prenne pour femme. Cependant son statut n’était pas clair, il fallait statuer si elle était permise ou non. Boaz lui dit: « dors cette nuit ici, demain nous demanderons aux sages et nous déciderons quoi faire. De cette union sortira la royauté du roi David quelques générations plus tard.
Dans le traité de Guittine (58, a) le talmud rapporte une histoire qui eut lieu peu de temps après la destruction du second temple : Rabi Yéochoua ben Hanania se rendit dans une grande ville de l’empire romain. On lui dit que dans une prison se trouvait un jeune garçon très beau, avec de jolis yeux et des cheveux bouclés bien coiffés. Alors il se rendit devant la prison et récita un début de verset de Yéchayahou 42, 24 : « Qui a livré Jacob au pillage et Israël à l’avidité des ravisseurs ? » Et l’enfant récita la fin du verset : « Si ce n’est l’Eternel? C’est que nous avons pêché contre lui: nous avons refusé de marcher dans sa voie et d’obéir à sa doctrine. » Rabi Yéochoua dit : « je suis sûr que sortira un grand décisionnaire en Torah de cet enfant. » Il le racheta, et en très peu de temps l’enfant devint un grand juge : rabi Ischmael ben Elicha.
Nos sages demandent comment il devina qu’il deviendrait un grand rav. Et de plus, pourquoi le talmud nous décrivit son aspect physique? Certains expliquent que c’est sa beauté qui dévoila sa grandeur d’âme. En effet, un jeune homme pris à sa famille, vendu en esclave dans un pays étranger possède généralement un visage marqué par l’inquiétude, la peur. Il ne connaît pas d’apaisement. Lorsqu’il vit la beauté de cet enfant, il comprit qu’il possédait une patience, une foi et une tranquillité d’esprit qui sont des qualités nécessaires à un grand juge.
Nous devons essayer, nous aussi, d’acquérir ces traits de caractère. De ne perdre ni notre sérénité ni notre clarté d’esprit même lorsque nous vivons des événements difficiles, comme pendant cette triste période du corona. Il faut toujours avoir en tête que si le Patron nous a mis dans cette situation, c’est que nous avons les forces pour surmonter cette difficulté. Et c’est cette foi qui nous aidera à vivre dans l’apaisement et la joie. Alors qu’Hachem nous aide à nous renforcer jusqu’à la venue du Machiah, amen ken yéhi ratson.