Dans notre paracha Vaéra, nous voyons que c’est Aaron qui frappa le Nil lors de la première et de la seconde plaie, puis la terre lors de la troisième. Nos sages expliquent qu’il n’aurait pas été convenable que Moché sauvé ,bébé, des mains des Égyptiens par le Nil, fût celui qui amènerait leur destruction. De même, la terre qui avait servi à cacher la dépouille de l’Egyptien que tua Moché Rabénou ne pouvait pas être transformée en poux par son intermédiaire.
De là, nous apprenons une leçon invraisemblable: la fin ne justifie pas les moyens. Même pour sortir les juifs d’Egypte, l’événement le plus important de toute l’humanité, il faut vérifier si ce n’est pas sur le compte d’une tierce personne. Alors combien devons- nous veiller à ne pas faire de hassidout sur le dos de notre famille ou de personne d’autre?
Cette histoire illustre bien ces propos. Un des élèves du rabi Israël de Salante invita son rav à dîner à Chabat. Pour convaincre son maitre de bien vouloir l’honorer par sa présence, il lui expliqua que sa viande était strictement cachère, qu’elle venait d’un Chohète qui craint Dieu. Puis que sa cuisinière était une veuve d’un érudit en Torah, qui faisait attention à tout ce qui rentrait et sortait de la cuisine. Et qu’ entre le premier et le second plat, on étudierait la Torah: « j’ai un programme de Choulkhan Aroukh. Puis nous chanterons des chants de Chabat encore une petite heure… » Après avoir entendu toute cette description, le rav répondit qu’il acceptait l’invitation à une seule condition: que ce soit lui qui décide de l’organisation du repas. Ce dernier accepta la requête saugrenue de son rav.
Le repas de Chabat arriva. La maison était en effervescence. Une table somptueuse avait été dressée, et de succulents plats honoraient le saint Chabat. Après peu de temps, le rav Israël demanda qu’on apporte le poisson. Une fois le plat englouti, le maitre de maison s’apprêta à sortir son Choulhan Aroukh lorsque le rav demanda qu’on apporte la viande. Une fois mangé, il demanda qu’on apporte le dessert et l’eau pour se laver les mains avant le Birkat Amazon.
Une fois que tout avait été rangé, il demanda au rav Israël : « pourquoi avoir écourté le repas de la sorte ? »
Alors le rav appela la veuve qui était la responsable de la cuisine et s’excusa d’avoir d’avoir laissé si peu de temps entre chaque plat. Ce général, les repas durent jusqu’à tard dans la nuit. Après une journée de labeur, mes pieds me brûlent de douleur. Cette semaine, baroukh Hachem, je vais pouvoir rentrer tôt pour me reposer. »
Le rav Israël se tourna vers son élève et lui dit : » c’est bon, tu as reçu la réponse à ta question. C’est très bien d’étudier à la table de Chabat et de chanter des chansons, mais il ne faut pas que ce soit sur le compte de quelqu’un. »