L’impact d’une Mitsva
Plus nous ressentons des difficultés dans notre service Divin, plus l’offrande se trouve appréciée par notre Créateur. Il en est de même pour les Mitsvot. Plus nous les effectuons avec dévouement, plus leur influence devient importante, comme l’illustre cette histoire inspirée du livre: Tu raconteras Ses merveilles, tome 4 de Yaïr Weinstock:
Le téléphone sonne chez Rabbi Rephaël Abouhav. » Êtes-vous bien le circonciseur, Rabbin Abouhav? »
– Oui, c’est exact.
– Je voulais vous inviter à une circoncision…je voudrais vous inviter à venir faire la circoncision de notre fils.
– Avec plaisir, quand doit se dérouler la Brit Mila?
– Demain matin à 7h30 précises, dans notre ville à Holon.
L’homme donna son nom au Mohel. Il s’appelle « Golan » et lui dicte l’adresse où aura lieu la circoncision.
Le lendemain matin, Rabbi Abouhav se lève tôt, prie dès le lever du jour. A 7h30, ponctuellement, le taxi le dépose sur une rue de Holon. Une atmosphère de tranquillité matinale règne dans ce quartier résidentiel non religieux de la banlieue de Tel-Aviv. A son grand étonnement, Rabbi Abouhav n’aperçoit aucune synagogue. Il regarde de nouveau le papier où est inscrite l’adresse. Non, il n’y a pas d’erreur. Cependant, il ne voit ni voiture, ni invité, ni bâtiment public qui laisse imaginer une future célébration.
Le Mohel se rend à l’adresse écrite sur le papier. Une plaque » famille Golan » est accrochée sur la façade de la maison. Il sonne à la porte et se trouve face à un homme haut de taille, aux cheveux bouclés.
» Êtes-vous le circonciseur? »
Rabbi Abouhav lève son sac noir et répond » Oui, c’est bien moi. »
– Très bien, je suis content que vous soyez venu. Entrez, et faites vite la circoncision.
– Où doit-elle avoir lieu? Demande poliment le rabbin.
– Que voulez-vous dire? On va faire ça ici. Si on peut faire ça vite, je dois aller au travail.
– Une minute! Il nous faut un minyan. Où sont les dix hommes?
Après quelques instants le Rabbin sort dans la rue et essaie d’enrôler huit hommes. A son grand désarroi, non seulement il ne réussit pas à happer un seul passant, mais même le père du nouveau-né quitte les lieux pour ne pas arriver en retard au travail!
A ce moment, la mère intervient:
– Monsieur le Rabbin, je vous dois une explication. A vrai dire, nous n’avions pas l’intention de circoncire notre Youval. Nous sommes des gens très… disons… laïques. Nous ne connaissons pas un seul juif religieux et nous ne pratiquons rien de la religion. Mais avec Hagui, mon mari, on a réfléchi. Peut-être vaut-il mieux que notre fils ne soit pas différent des autres? Peut-être se sentira-t-il comme un non-juif? Nous avons finalement décidé de vous faire venir pour le circoncire.
Rabbi Abouhav se sent décontenancé, mais son embarras s’accentue lorsque la mère ajoute: » Excusez-moi: je suis obligée de partir parce que j’ai des courses à faire. Vous comprenez…A nos yeux, une Brit Mila n’est qu’un acte chirurgical bénin auquel personne n’a besoin d’assister, à part vous et l’enfant, bien sûr. Faites tout ce que vous devez faire. Voici de l’argent, ma baby-sitter doit bientôt arriver. Dès qu’elle sera là, vous pouvez partir. » La femme conduit le Mohel jusqu’à la chambre du bébé qui dort profondément. Un instant plus tard, la maman ferme la porte derrière elle.
Rabbi Abouav se retrouve seul avec le bébé dans la grande maison vide.
Le mohel se remet lentement de son choc. Depuis le début de sa carrière, il n’avait jamais pris part à une Brit Mila aussi étrange. » Un Mohel tout seul dans une maison vide! A-t-on jamais vu une chose pareille? » Pense-t-il.
Il dispose tous ses instruments sur la table à langer. » Comment sa mère a-t-elle pu laisser son fils unique à un étranger? » Le rabbin chasse ces idées de son esprit. Il réveille gentiment le bébé, le prend dans ses bras pour le calmer puis commence son travail.
Dès que le rav pose l’enfant sur ses genoux, le bébé se met à pleurer. Le coeur du Mohel se fend. » Est-ce une Brit Mila? » Les gémissements de l’enfant grandissent et font éclater le rav en sanglots. Il pleure pour ce petit juif dont les parents ont coupé les liens avec leur Créateur. Il se met alors à prier de tout son coeur pour que l’enfant, en grandissant, étudie la Torah et garde les Mitsvot. Il pleure également pour ses parents égarés. Après s’être calmé, il commence la cérémonie. Il fallait effectuer le rôle de Mohel et de sandak à la fois. Avec son expertise habituelle, il procède rapidement à la Brit Mila. Il prend l’enfant dans ses bras, se lève et récite la bénédiction. Il nomme l’enfant « Youval ». Assis dans le canapé avec l’enfant, il attend la nourrice. Lorsque, soudain, celle-ci ouvre la porte. Il lui laisse l’enfant et lui explique les directives à suivre.
Douze ans et demi plus tard, le rav Abouhav, devenu un Mohel respecté, travaillait dans les bureaux du rabbinat de Tel-Aviv. Un jour, on frappe à son bureau. Une femme accompagnée d’un garçon de haute taille l’interpelle: » Êtes- vous bien le Mohel Rabbi Abouhav? »
– Oui, entrez, je vous prie.
– Je suis Mme Golan, de Holon. Est-ce que vous vous souvenez de moi?
– Rappelez-moi les circonstances…
– Il y a douze ans, vous avez circoncis mon fils Youval Golan que voici.
Soudain, en un éclair, toute cette terrible matinée ressurgit dans son esprit. » Bien sûr que je me souviens! Comment oublier cette Brit Mila? Eh bien je vois que votre fils a poussé. Comment vas-tu mon enfant?
La maman soupire puis poursuit: » C’est à cause de lui que nous sommes là… Depuis un an, Youval ne fait plus rien au lycée. Il ne désire qu’une chose: rencontrer son Mohel. Je ne sais pas où il est allé pêcher cette idée. Youval, mon chéri, ça y est? Tu as vu ton Mohel? Alors, rentrons à la maison.
Soudain le visage du grand gaillard se défait et il fond en larmes:
– Youval, voyons… Qu’est ce qui t’arrive?
– Maman, je voudrais parler seul à seul au Mohel.
Dès qu’elle quitte le bureau, Youval sanglote de plus belle:
– Rabbi Abouhav, sauvez- moi!
– Te sauver? Que veux-tu dire?
– Je ne veux plus aller au lycée parce qu’ils enseignent des hérésies. Je veux devenir religieux. Je veux faire ma bar-mitsva, avec des téfilines… Je veux faire Chabat et manger cacher, et surtout je veux aller à la Yéchiva apprendre la Torah! »
Rabbi Abouhav se tait, abasourdi. Il n’a jamais vu une chose pareille de sa vie. Une âme juive qui cherche son chemin vers son Créateur malgré tous les obstacles. Le mohel réfléchit un instant puis rappelle Mme Golan. « Votre fils veut devenir religieux. »
– » Nous ne savons pas d’où il a été chercher cette idée bizarre. Mais c’est également la conclusion que nous ont donnée les psychologues. Peut-être pourriez-vous l’aider? »
» Nous allons faire un deal. Je m’engage à le préparer à sa Bar-Mitsva à la condition qu’il retourne à l’école. » Dit le Rabbin. » Qu’il vienne tous les jours de cinq heures à six heures. » La mère et le fils semblèrent satisfaits du compromis. Le rav lui apprit pendant un an les bases du judaïsme et le prépara rigoureusement à sa communion. A la fin de l’année, le jeune homme décida d’aller à la Yéchiva. Sa détermination et ses capacités firent de lui un brillant élève en quelques années.
Ainsi, par le mérite de la Mitsva de Brit Mila que ce rav fit de tout son coeur, il ancra chez ce bébé l’amour du Créateur. Chaque acte que nous accomplissons possède un impact. Alors qu’Hachem nous aide à nous surpasser afin d’éclairer ce monde, amen ken yéhi ratson.