DévarimEkevItshak NabetParacha

L’amour d’Hachem

 

Dans la paracha de la semaine, Ekève, nous trouvons à plusieurs reprises le devoir d’aimer Hachem. « Tu aimeras Hachem ton Dieu et tu garderas ses commandements  »  (1,11), « Si vous écoutez les préceptes que Je vous ordonne aujourd’hui afin d’aimer Hachem votre Dieu » (13,11) et « Et maintenant Israël, qu’est ce qu’Hachem ton Dieu exige de toi, si ce n’est de le craindre et de l’aime? » (12,10). De nombreux commentateurs s’interrogent devant ce commandement : comment peut-on demander à une personne d’en aimer une autre ? L’amour est-il un sentiment qui se contrôle ? De plus, s’il est facile d’aimer une personne avec qui on entretient de bonnes relations, qui nous est agréable, comment aimer Dieu alors que nous ne le voyons pas ?

Le juge David Berdugo répond à cette question en s’appuyant sur l’enseignement de son illustre ancêtre, le Malakh Raphael Berdugo zal, de la manière suivante. Il y avait dans une ville trois hommes. Le premier était incroyablement bête. Il n’avait ni femme, ni métier et personne ne le considérait tant il était ignorant. Le second était gravement malade et s’apprêtait à quitter le monde d’un jour à l’autre. Enfin le dernier était tellement pauvre qu’il passait ses journées à mendier un peu de pain pour survivre. Un jour, un homme extrêmement riche et puissant passa dans cette ville et rencontra ces trois personnes.  Après avoir écouté les problèmes de l’imbécile, il engagea trois professeurs experts dans les cas désespérés. Puis il fit appeler le meilleur médecin du pays pour soigner le malade et donna une véritable fortune à l’indigent.  Quelques mois plus tard, l’imbécile était devenu intelligent et avait trouvé une petite fiancée et un métier. Le souffrant n’avait plus de trace de sa maladie et le pauvre avait déjà oublié ses années de galères tant il nageait dans l’abondance. Chacun d’eux avait accroché un portrait de ce riche à l’entrée de leur maison. Ils lui écrivaient régulièrement des lettres de remerciement pour les avoir sauvés du cauchemar dans lequel ils vivaient.

Baroukh Hachem, nous avons assez d’intelligence pour vivre en société. Nous jouissons de la vie et de la santé et possédons suffisamment de biens pour nous nourrir et ne pas être à la rue. Alors combien devons-nous remercier le Maître du Monde pour tous ces bienfaits qu’il nous renouvelle chaque jour ? Voilà la méthode pour atteindre l’amour d’Hachem. Selon cette explication, il faut comprendre le premier verset du Chéma « Tu aimeras Hachem ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton âme et de tous tes moyens » : tu aimeras ton créateur pour toute l’intelligence qu’Il plaça dans ton cœur (« Car c’est dans le cœur du sage que repose l’intelligence » (Michlé 14,33)) pour toute la santé et pour la vie (représentée par l’âme) et pour tous l’argent qu’il t’offre chaque jour.

Cependant, il faut savoir que cet amour ne doit pas rester au niveau des sentiments.  Il faut le concrétiser par des actes, par les mitsvot. C’est pourquoi la Torah nous demande dans la suite du Chéma de consacrer ces trois cadeaux au service divin.

Dans un premier temps ,elle nous demande « Tu enseigneras la Torah à ton fils, tu l’étudieras tout le temps, quand tu es à la maison ou en chemin ». Car même si cela peut paraître étonnant, d’après nos sages Hachem n’a pas créé l’intelligence pour les mots-croisées ou pour Question pour un champion. Et ceux qui délaissent l’étude de la Torah passent à coté de la vraie Sagesse et d’un trésor inestimable. C’est pour cela qu’il nous a été ordonné d’utiliser notre intelligence pour comprendre la volonté divine et rechercher comment l’appliquer à travers la Torah. Puis nous devons utiliser la vie qui nous a été confiée pour accomplir les mitsvot et nous parfaire. C’est le sens de la mitsva de téfilines que l’on place en face du cœur et du cerveau, qui sont les deux centres vitaux de l’organisme. Ainsi ,en les mettant, on montre qu’on désire utiliser ce corps pour sanctifier son nom et accomplir sa volonté. Enfin la Torah nous demande de ne pas oublier que nos biens et notre argent sont un moyen pour effectuer les mitsvot et ne sont pas un but. C’est pourquoi nous devons placer des mézouzot à chacune de nos portes, pour ne pas oublier que le matériel est assujetti au spirituel.

Le premier paragaphe du Qriyat Chéma que nous lisons tous les jours se présente donc comme un mode d’emploi pour capter l’amour d’Hachem. En réfléchissant sur les bienfaits qu’Il nous offre quotidiennement et en accomplissant les mitsvot par l’intermédiaire de notre intelligence, de notre corps et de nos moyens, nous pouvons développer un sentiment d’amour dans nos cœurs.   Alors renforçons- nous dans cette mitsva du Chéma et essayons de le lire à l’heure et avec le plus de concentration possible afin d’accomplir tous les messages qu’il contient.

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