Le rav Yaacov Galinski zal raconte qu’il y a quelques dizaines d’années, alors qu’il était à Manhattan, il entendit une voix sortir d’une belle synagogue : « Rabi Yéoudi, Minkha ! » Après une courte hésitation, il rentra dans l’établissement et vit que seuls le rabbin et son assistant s’y trouvaient. Il demanda alors au rav de lui décrire un peu sa communauté. « Ecoute cette histoire et tu vas comprendre » lui dit-il :
Un jour, à la veille de Kippour, un homme vient me voir et me tend une enveloppe avec mille dollars. « Voici pour monter à la Torah en tant que Cohen. ». Je lui répondis que nous avions un cohen dans la communauté, et donc qu’il monterait le premier.
« Rav, voici mille dollars, nomme-moi Cohen. »
« Ecoutez mon cher ami, la céhouna n’est pas une chose qu’on achète ! »
« Rabi, vous êtes aux Etats-Unis, tout s’achète ! Voici trois mille dollars et vous me faites monter demain. »
« Je ne comprends pas. Avec cette somme, vous pouvez monter la Haftara de Yona, pourquoi voulez-vous absolument monter Cohen ? »
« C’est une tradition. Mon grand-père était cohen et montait à la Torah en tant que Cohen. Mon père aussi, et à mon tour je désire perpétuer cette coutume. »
Je conclus l’affaire pour trois mille cinq cents dollars. Voilà le style de communauté que nous avons, conclut le rabbin.
En un instant, j’ai compris, dit le rav Galinski, quel type de synagogue et de rabbin se trouvaient devant moi ! Cependant, la question de ce juif était intéressante : pourquoi méritait-il tous les honneurs que l’on donne au Cohen (de monter à la Torah en premier, de bénir le peuple…) juste parce que son père et son grand père étaient Cohen ? Pourquoi la Torah nous demanda-t-elle d’honorer cet homme qui n’avait jamais étudié et qui était très peu engagé dans l’accomplissement des Mitsvot ?
Le Gaon Chimon Chobe zal raconte que lorsqu’il était jeune, il quitta les Etats-Unis pour aller étudier la Torah à la Yéchiva de Mir, en Pologne. Après quelques années, ses parents lui demandèrent de rentrer au pays. Avant de partir d’Europe, il alla chez le Hafetz Haïm pour recevoir une bénédiction. Ce dernier l’invita à passer un Chabat chez lui. Avant de quitter le Tsadik, celui-ci lui demanda : « Dis-moi, es-tu Cohen ? » Le jeune homme répondit négativement.
« Tu sais, moi je suis Cohen. Dit le Hafetz Haïm. Et pourquoi n’es-tu pas Cohen ? »
« Parce que mon père n’était pas Cohen. » répondit l’homme sans comprendre où voulait en venir le rav.
« Moi, mon père était Cohen. Et sais-tu quelle différence existe entre nos parents ? Lorsque Moché Rabénou descendit du Mont Sinaï, et qu’il vit les bné Israël danser autour du veau d’or (dans notre paracha Ki-tissa) il clama « Que celui qui est avec Hachem se joigne à Moi. » Alors tous les enfants de la tribu de Lévi se rassemblèrent autour de lui. Ainsi, mon arrière arrière grand père courut pour aider Moché Rabénou, et accomplit la volonté d’Hachem, alors que ton arrière arrière grand-père se tenait de côté et regardait ce qui se passait. Voila pourquoi mon ancêtre mérita le statut éternel de Cohen.
Pourquoi te dis-je cela, termina le Hafetz Haïm ? Tu t’apprêtes à retourner aux Etats-Unis, où les gens servent le Veau d’or de toutes leurs forces. Une voix céleste appelle chaque juif : Que celui qui est avec Hachem me rejoigne. Il y a tellement à faire. Sache que celui qui sanctifie le nom d’Hachem mérite une récompense pour lui et ses descendants.
Ce message est toujours d’actualité, mes chers amis. Le veau d’or constitue toujours la priorité de l’humanité. L’argent et les plaisirs de ce monde font oublier à l’homme sa mission sur Terre. La paracha de la semaine vient nous encourager dans notre engagement. Ceux qui prennent le chemin de la Vérité reçoivent une récompense infinie pour eux et toutes les générations à venir. Alors prenons notre courage à deux mains et renforçons-nous dans l’accomplissement des Mitsvot.
Chabat Chalom.