Dans la paracha de la semaine, Hayé Sarah, la Torah raconte la rencontre d’Itshak Avinou et de Rivka Iménou. Eliezer, le serviteur d’Avraham Avinou, se rendit à Haran pour choisir une femme pour Itshak. Lorsqu’il vit les qualités de Rivka, il comprit qu’elle était parfaite pour le fils de son maître. Celle-ci accepta de le suivre. Ainsi, à la fin de la paracha, il est écrit : « Itshak l’emmena dans la tente de sa mère Sarah, il la prit comme femme et il l’aima… »
Le rav Itshak Zilberstein chlita relève dans son livre Alénou Léchabéakh que l’on voit dans ce verset la différence entre la vision juive et la vision occidentale du mariage. Le monde moderne présente la vie de couple comme une courbe descendante. Nous éprouvons, pour débuter, le fameux coup de foudre, la période de séduction, pendant laquelle les amoureux vivent leur passion de manière intense. Puis, si les années passent, certains pensent à se marier. Enfin, la routine s’installe. Le couple s’effrite doucement pour finir par un divorce ou une résignation. La Torah nous enseigne qu’Itshak et Rivka se marièrent dans un premier temps, puis ils se sont aimés. Le mariage, chez nous, n’est pas la conclusion mais le commencement. Nos sages expliquent qu’Eliezer a vu en Rivka l’aide et la compagne qui aiderait Itshak Avinou à servir Hachem au mieux. Et Eliezer lui montra des bijoux qui symbolisaient les tables de la Loi, les dix commandements, et le demi Shéquel. Il lui proposa une vie de Torah et de Mitsvot, ce qu’elle accepta pleinement. Avec cette volonté commune, ils purent former une vie de couple équilibrée qui créa un amour durable après le mariage.
Le rav Moché Arié chlita expliqua une leçon fondamentale. Le monde est fait de matérialité et de spiritualité. Tout ce qui est matériel est voué à disparaitre, à mourir : les hommes, les animaux, les végétaux, les minéraux… rien ne peut durer éternellement. Ainsi, le plaisir que l’on éprouve pour les choses matérielles lui aussi meurt lentement. Par exemple : un homme s’achète une nouvelle voiture. Les premiers temps, il la contemple, vérifie si elle n’est pas égratignée… Après quelques mois, déjà, il ne fait plus attention à cela. Quelques années passent, il désire une autre voiture et regrette d’avoir acheté celle-là. Idem pour les vêtements, les vacances, la nourriture…Si une personne dégustait le meilleur plat de Cyril Lignac matin, midi et soir pendant une semaine, il est fort probable qu’elle en serait dégoutée à vie.
Le spirituel, lui, est infini: il n’est pas sous l’emprise du temps. Nous faisons la même prière tous les jours, sans jamais se lasser. Chaque année, nous lisons la Torah avec plus de plaisir. Il en est pareil pour les Mitsvot. Ce rav concluait : si la motivation principale d’un couple est le plaisir matériel, l’argent, le corps, les honneurs… alors celle-ci est amenée à disparaitre. Au contraire, si le couple désire une vie spirituelle et former un foyer de Torah, de valeurs, de respect, l’amour grandira en fonction des années.
Ainsi, le rav Dessler zal, dans son fameux recueil du Hessed, ajoute que plus un homme fait de bien à sa femme en lui achetant ce qu’elle désire, en l’écoutant, en l’aidant à la maison ou avec les enfants, plus il va aimer sa femme. Puisqu’il vit de manière spirituelle, en ressemblant à Hachem, en donnant, il crée un amour spirituel et donc éternel. A l’inverse, celui qui désire prendre de son conjoint, qui attend toujours qu’il lui fasse…vit déjà dans la matérialité.
Alors, à l’image de nos ancêtres, essayons de fonder des foyers heureux. Mettons du spirituel dans nos vies, donnons sans compter à nos conjoints afin de mériter, nous aussi, l’amour éternel.