Comme nous l’avons expliqué, il est important de comprendre la spécificité de chaque fête pour pouvoir en profiter au mieux. C’est pourquoi nous allons évoquer Roch Hachana. Chacun sait que c’est le jour où la création se fait juger. Les justes sont inscrits dans le livre de la vie, les impies dans celui de la mort et les autres attendent jusqu’à Yom Kippour leur jugement définitif. Le Pélé Yoetz explique que ces premiers jours de l’année sont propices au repentir. En effet, les portes de la Téchouva sont ouvertes et chacun peut se rapprocher d’Hachem très facilement, à la condition, bien évidemment, de bien le vouloir . Et c’est une des raisons pour lesquelles nous sonnons du chofar. Comme pour dire: » réveillez-vous du sommeil dans lequel vous vous trouvez. » Alors, puisque la mitsva principale de cette fête est le repentir, nous devons essayer de comprendre ce qu’est la Téchouva.
Pour beaucoup, faire Téchouva semble une chose presque impossible, ou très difficile. Et pourtant il est écrit dans le livre de Dévarim (14, 30) que c’est une mitsva qui est très proche de nous, selon l’explication du Ramban zal. Or nous savons que la Torah est très précise. Si elle témoigne donc qu’il est très simple de se repentir, il paraît évident que c’est notre définition de la Téchouva qui est erronée. Cette erreur provient de plusieurs raisons. Premièrement, on connaît très mal les lois qui concernent cette mitsva. Par exemple, on pense que faire Téchouva consiste à devoir changer intégralement du jour au lendemain… De plus, on a tellement essayé et échoué dans nos tentatives qu’un certain désespoir nous habite inconsciemment. Enfin, on n’a pas été éduqué à la Téchouva. Car si les parents apprennent à leurs enfants ce qui est interdit ou permis, ils expliquent rarement qu’il existe un moyen de réparer les fautes, la Téchouva. C’est pourquoi nous avons du mal à croire que le Roi du Monde pardonne et qu’une issue existe bel et bien pour celui qui s’est perdu.
Alors qu’est-ce que c’est la Téchouva?
Lorsqu’un homme faute, il se passe deux phénomènes bien distincts. Il crée une faute et se rebelle contre son Créateur. C’est comme s’il disait » Je ne veux pas t’écouter, laisse-moi tranquille. » En d’autres termes, il s’éloigne d’Hachem. Le mot Téchouva veut dire revenir là où il était. Ainsi, faire Téchouva c’est tout simplement vouloir se rapprocher d’Hachem, comme avant la faute. C’est-à-dire prendre conscience qu’on s’est trompé et décider de revenir sur de meilleurs chemins.
Il faut savoir que celui qui fait Téchouva est appelé Tsadik avant même qu’il change son comportement, et cela même s’il lui reste des milliers de fautes à se faire pardonner. Comme le prouve la guémara dans Kédouchine (49, b): il y est écrit que si un homme dit à une femme: »je me fiance avec toi à la condition que je sois un Tsadik », les fiançailles sont valables même si c’est le pire des impies, car il a peut-être sincèrement pensé à faire Téchouva!! Nous pouvons déduire de cet enseignement qu’un homme est considéré tsadik alors même qu’il n’a pas amélioré ses actes ni effacé ses fautes, juste grâce à sa volonté de changer. Comme nous l’avons dit, à Roch Hachana, Hachem juge et inscrit les tsadikim dans le livre de la vie. Mais de quels justes parle-t-on? Il ne faut pas croire qu’il s’agisse de ceux qui n’ont pas fauté. Car nos sages nous ont enseigné que nous ne sommes pas jugés sur l’année mais sur ce que nous sommes au jour de Roch Hachanna. Alors,d’après ce qu’on a dit il,faut comprendre qu’Hachem inscrit dans le livre de la vie ceux qui veulent se rapprocher de Lui. Voilà pourquoi il est si important de faire Téchouva en ce jour.
Alors si cela est si simple, s’il suffit de vouloir s’arranger un peu pour sortir vainqueur du procès, pourquoi faut- il avoir peur du jugement?
En réalité, l’épreuve de cette fête réside dans la difficulté de vouloir faire Téchouva. En effet, même si beaucoup comprennent qu’il faut se repentir et veulent se repentir, le cœur ne suit pas toujours. Premièrement parce qu’on est tellement attaché aux fautes commises qu’on n’arrive pas à imaginer comment vivre sans les rééditer. Ensuite,être religieux se résume à porter un amas de contraintes. Enfin,car on n’éprouve aucun plaisir à accomplir les mitsvot et la Torah. Alors,quoi bon se rapprocher d’Hachem?
Il faut savoir que ces impressions sont trompeuses. Hachem a créé chaque juif avec une âme pure qui lui permet de sentir et jouir de la spiritualité. Et de manière naturelle, chacun éprouve du plaisir à se plier à la volonté divine et à étudier la Torah. Cependant, lorsqu’un juif faute,il fabrique des écrans qui le séparent de son créateur et lui paralysent le cœur. Et c’est cette couche d’impureté qui l’empêche de ressentir et de profiter de la spiritualité de ce monde. Alors comment faire pour relancer la machine?
Nos sages nous ont enseigné que celui qui veut se purifier, on l’aide. Et Hachem Lui-même prend celui qui revient vers Lui et le lave de toutes ses fautes. La seule chose qu’on attend de nous à Roch Hachana,c’est juste de commencer le travail. Comme il est écrit « Ouvrez moi le chas d’une aiguille et j’en ferai la porte d’une muraille. » Et c’est ainsi que plus un homme se rapproche d’Hachem et effectue sa volonté, plus il ressent les plaisirs spirituels et jouit de ce lien qu’il entretient avec le maître du Monde. En ce premier jour de l’année, nous avons donc tous la possibilité de prendre un nouveau départ, de nous éloigner un peu de cet univers matériel pour nous rapprocher de notre créateur. Alors ne manquons pas cette chance et qu’Hachem nous aide à nous purifier en nous donnant les forces pour vouloir changer, amen ken yéhi ratson.
Bon chabat d’ici le grand jour…
Cet enseignement provient du rav Iber chlita