Bedil Vayaavor
Comme nous le disons lors des Sélihot: » Roi qui s’assoit sur son siège de miséricorde,…, Tu effaces faute à faute,…, Tu pardonnes les pêchés de ton peuple… » Et ce sera à Yom Kippour que nous vivrons l’apogée de cette période. En ce jour, Hachem nous purifie de toutes nos fautes. En effet, même Adam Arichone, qui avait entraîné la mort dans le monde, sur lui et toute sa descendance, trouva le pardon en ces jours de pénitence. En d’autres termes, dans quelques heures nous allons entrer dans la salle des trésors: à nous de saisir cette occasion pour repartir plein de pardon et d’élévation spirituelle.
Comment arriver à ce but?
Si tout au long de l’année, il parait impossible d’effacer les montagnes de fautes que nous avons fabriquées, pendant ces jours, Hachem nous a donné un outil de destruction massif: le Vayaavor, que l’on appelle aussi les treize attributs de miséricorde. Il s’agit d’une petite prière de quelques phrases que nous disons après la prière du matin et de l’après-midi, pendant les Sélihot et 26 fois à Yom Kippour. Il est écrit dans le traité de Roch Hachana (17, b) qu’Hachem montra à Moché rabénou cette prière, et Il lui promit qu’Il pardonnerait aux bné Israel dès qu’ils la diraient. Cependant, le Hida zal et de nombreux commentateurs précisent qu’il faut prononcer cette phrase avec une grande concentration. C’est pourquoi, il est de notre devoir de comprendre au moins le sens simple de cette demande. (Il existe beaucoup d’opinions sur la répartition de ces treize attributs de miséricorde, et cette explication s’appuie sur l’avis du Zohar Akadoch, du Ari zal et du Gaon de Vilna.)
« L’Eternel passa devant lui (Moché) et il dit: » Hachem, Hachem: Tout Puissant, miséricordieux, Tu donnes gratuitement et Tu es long à te mettre en colère, Tes bontés sont nombreuses et Tu es vérité. Tu déverses ta grâce à des milliers, Tu pardonnes les fautes volontaires, les rébellions et les fautes involontaires, Tu nous nettoies de nos pêchés »
Premièrement, même si elle se compose d’une suite de louanges, il faut savoir que ce « Vayaavor » est une demande. A quoi cela ressemble-t-il? Le Rav Pinkous zrouto yagen alénou explique que c’est comme un pauvre en haillons qui va voir un riche et qui lui dit » Tu es un homme très très riche, tu as le cœur sur la main et tu aimes aider ceux qui sont dans le besoin… » même si sa demande n’est pas explicite, le riche comprend très bien sa requête. De même, lorsque nous disons ces louanges au Tout Puissant, notre prière se fait entendre d’elle-même.
» Hachem, Hachem » signifie que c’est un Dieu de miséricorde avant que l’homme faute, et c’est un Dieu de miséricorde après que l’homme a fauté.
Le premier attribut est « EL ».Ce nom signifie Tout Puissant, mais en règle générale, on utilise cette appellation pour désigner le caractère de Bonté d’Hachem. En d’autres termes, on loue Hachem qui accorde des bontés de manière illimitée. Si un homme demande un bienfait à son ami, celui-ci accepte de bon cœur et lui donne,dans la mesure du possible, ce que le dernier désire. Ce cadeau a donc une limite. On n’a jamais vu un riche offrir sans réserve les clefs de son coffre ou confier son code de carte bancaire! A l’inverse, Hachem donne de manière illimitée. Le monde dans lequel on vit est rempli de Bonté: l’air que l’on respire, la lumière et les couleurs, la diversité des animaux et des aliments… Il nous donne la Torah et les mitsvot, la santé, de quoi vivre…
» Rahoum » veut dire miséricordieux, c’est-à-dire qu’Hachem s’intéresse et a pitié de nous de manière individuelle. Pour comprendre cette notion, imaginons-nous à la veille de Roch Hachana. Un élève d’une yéchiva possède une dizaine de cravates: il les essaie les unes après les autres, mais rien à faire, aucune ne convient à son nouveau costume. La détresse commence à se lire sur le visage du jeune homme. Au même instant, un grand rav, entièrement plongé dans sa préparation pour ce jour Kadoch, l’aperçoit. « Tout va bien? » demande celui-ci. « Rabi, c’est une catastrophe, je n’arrive pas à trouver une cravate assortie à ma veste! » La stupeur envahit le rav: comment un juif, à quelques heures de son jugement, peut-il s’intéresser à de vulgaires vêtements?
Hachem est miséricorde, c’est-à-dire qu’Il s’associe à notre souffrance, quelle que sa nature. Malgré sa grandeur infinie, Il comprend les petites douleurs de chacun.
« Hanoun » signifie qu’Il donne sans conditions. Comme il est annoncé dans le midrach (Chémot Raba, 48,6),il existe dans le ciel une réserve de bienfait pour les justes, pour ceux qui font les mitsvot…mais la plus grande réserve est celle pour ceux qui n’ont pas de mérite. A tous ces gens, Hachem donne gratuitement.
« Erekh » signifie long (à s’énerver), Il ne punit pas tout de suite. Combien faut-il de temps à un homme pour réagir après avoir pris un coup? En règle générale, la réaction est imminente. Lorsqu’un homme faute, il déracine la nature du monde, il enlève la présence divine de la Terre. Et pourtant, Hachem ne le punit pas tout de suite. Il attend dix ans, vingt ans, le temps de lui laisser faire Téchouva.
« Apayim » est la suite de Erekh. Cela veut dire qu’Hachem est patient encore et encore, un nombre infini de fois. Si un homme a un voisin bruyant, il décide de prendre sur lui de ne rien dire. Si, tous les jours, ce voisin exagère, combien de temps peut- il garder son calme? Hachem, dans sa grande miséricorde, renouvelle sa patience des milliers de fois. Il préfère laisser son fils détruire son monde en espérant le voir revenir plutôt que de le punir.
« Rav Hessed »: il multiplie le bien. Si dix personnes viennent demander la tsédaka chez un homme en une matinée, même s’il reçoit la première avec le sourire, des gâteaux et qu’il donne un peu d’argent, c’est sûr qu’il ne pourra pas faire cela avec les dix. Après deux ou trois, il commencera déjà à regretter leur présence. Mais Hachem, Lui, multiplie ses bienfaits envers chaque juif, de manière illimitée.
« Emet » veut dire que c’est un Dieu de Vérité. Comme vous le savez, il y a dans le monde beaucoup de souffrances, de punitions et d’obscurité. Tous ces événements « négatifs » proviennent de la Justice divine car même si Hachem est plein de bonté et de miséricorde, il faut comprendre que le monde n’aurait pu survivre sans cette rigueur, sans cette punition qui nous oblige à respecter les règles du jeu. Mais nous ne devons pas perdre de vue qu’Hachem n’est que Bonté.
« Notser Hessed »: il distribue le bien. De nombreuses personnes disent: si j’étais riche, je donnerais des millions aux pauvres et aux yéchivot. Effectivement, dans nos cœurs, on désire tous donner beaucoup. Mais lorsqu’il s’agit de passer à l’action, tout devient très difficile. Seul Hachem possède cette faculté de donner tout ce qu’il veut donner: c’est la signification de la mida de Notser Hessed.
« Léalafim » signifie à des milliers. A priori, il s’agit ici d’une réduction du Hessed puisqu’il se limite à des milliers. Comme nous l’avons dit, les bontés d’Hachem se déversent avec abondance et tout le monde en profite. Ainsi l’air, par exemple, est une bonté dont même Hitler, Titus,ou Essav profitèrent. Les pluies arrosent les champs des tsadikim comme ceux des réchaim. C’est pourquoi Hachem est obligé de diminuer ses bienfaits afin d’en priver les méchants.
« Nossé Avon » Il pardonne les fautes volontaires.
« Pécha » les fautes qu’un homme commet pour énerver Hachem, par rébellion.
« Vékhata » les fautes involontaires.
« Vénaké » il nous nettoie. Cet attribut est la totalité de toutes les 12 midot citées ci-dessus. Ainsi, grâce à tous ces attributs de miséricorde, il nous purifie et nous nettoie de nos fautes.
Le rav Pinkous raconte que lors de la guerre des six jours, il alla à Chaaré Tsedek (l’hôpital de Jérusalem). Il vit un soldat avec un gros bandage s’enfuir en courant de l’hôpital. Il demanda aux infirmiers ce qui se passait Ils lui racontèrent que ce jeune soldat revenait du front à cause d’une blessure au bras. Lorsqu’ils finirent de le soigner il cria: « Je retourne au front ». « Tu es obligé de te reposer, dans ton état c’est interdit de combattre » lui annoncèrent les médecins. « Aujourd’hui c’est la guerre, il n’y a pas de temps pour se reposer! » clama le soldat en quittant les lieux.
Yom kippour est aussi un jour de guerre. On doit se battre pour vivre. La situation de notre peuple n’est pas des plus simples. Des millions d’ennemis entourent nos frontières et désirent notre mort. En ce saint jour, nous devons supplier Hachem qu’Il nous offre la vie, celle de nos familles, celles de tous les bné Israël. Mes amis, ne passons à côté de ce jour sacré! Profitons de chaque Vayaavor pour saisir tous les trésors de cette journée et inscrire tous notre peuple dans le livre de la vie, de la santé, de la Torah…
Nous vous souhaitons beaucoup de réussites spirituelles et matérielles, et qu’Hachem vous bénisse dans tout, Amen Ken Yéhi Ratson.
Ps:quatre cours du rav Bentata sur Yom Kippour sont disponibles sur ner-yossef.com