Comme nous l’avons dit, l’essentiel de la fête de Roch Hachana est de se rapprocher d’Hachem. Il est évident que cette décision ne doit pas se limiter à une simple pensée mais doit aussi s’exprimer par des actes. Car celui qui veut faire Téchouva mais qui n’essaie pas concrètement de s’améliorer est comparé à un homme qui se trempe au mikvé avec un reptile dans les mains: il ne peut espérer,en aucun cas, se purifier. Et c’est là que commence la partie la plus difficile du processus du repentir… Comment parvenir à changer?
De nombreuses personnes tentent,de manière sincère,de progresser et pourtant très peu y parviennent. Tous les ans,pendant cette période, elles décident de se prendre en main et de se parfaire,organisent des programmes d’étude…Pour, à la fin de l’année,constater avec dépit qu’elles en sont restées exactement au même stade qu’auparavant. Alors elles réessayent, en se promettant de s’impliquer davantage, mais là encore sans plus de résultats.Certains tiennent jusqu’à Hanouka,d’autres s’effondrent peu de jours après Kippour. Et,après quelques années, le désespoir commence à s’installer et on se demande s’il est vraiment possible de devenir meilleur.
Alors comment expliquer l’ampleur de ces échecs?
Afin de comprendre ce phénomène, nous devons d’abord expliquer un principe de base indispensable pour quiconque aspire à évoluer: il ne suffit pas de vouloir changer pour réussir à transformer ses actions. La nature de l’homme ne lui permet pas de modifier ses habitudes du jour au lendemain,car c’est un travail de longue haleine. C’est pourquoi celui qui décide de ne plus dire du Lachon Ara, de prier avec concentration ou d’étudier dès qu’il a du temps libre doit s’avoir que cette résolution ne lui sera d’aucune utilité. Le Gaon de Vilna dans son commentaire sur Michlé mentionne à plusieurs reprises qu' »il est impossible de s’élever d’un seul coup. Celui qui veut suivre les chemins d’Hachem doit s’élever d’étape en étape, et ne doit pas essayer d’en sauter »(4,12).Plus encore, celui qui s’entête à vouloir aller trop vite n’obtient pas l’aide du ciel nécessaire pour se purifier.
Ainsi incombe-t-il à chacun de nous de rajouter ce petit étage. Nous devons réussir à transformer cette résolution en une habitude, en une seconde nature. Et,une fois cette étape franchie, nous pouvons passer à la suivante. Voilà ce qu’Hachem attend de nous! Que nous fassions ce qui est à notre portée aujourd’hui, et pas plus. Car le Maître du Monde ne nous juge pas sur ce qui est au-delà de nos forces. Mais ne nous trompons pas, nous ne sommes pas en train de nous acquitter de l’obligation de porter le joug divin. Bien au contraire, celui qui veut devenir un serviteur d’Hachem doit être prêt à partir vers ce long chemin, mais jonché de petites stations. Il faut s’armer de patience et d’une grande volonté pour ne pas s’arrêter en cours de route.
Alors par quoi commencer me direz vous?
Pour savoir exactement quoi faire, il faut avant tout s’analyser objectivement afin de déterminer exactement à quel degré se situe son niveau spirituel. Il faut savoir que celui-ci ne doit pas être établi à partir des ambitions que l’on a ou des cours que l’on a écoutés. Le seul facteur déterminant est ce qu’on est « sur le terrain ». Comment sont mes actes au quotidien depuis un an ou deux?Quel temps d’étude par jour, comment sont mes prières et mes bénédictions, comment suis-je avec mon entourage? Par exemple,si une personne étudie presque quotidiennement dans un cours une heure,elle ne doit pas essayer d’emblée d’augmenter son temps d’étude. Dans un premier temps, elle doit prendre sur elle de ne pas manquer cette heure, quoi qu’il arrive, même si le monde s’effondre.
La progression dans l’effort,jusqu’à l’instauration de l’habitude, est donc,vous l’avez compris,le but de chacun…
Et sachez,mes amis, qu’en plus d’atteindre les objectifs fixés, il y a encore plus à gagner. Car de simple juif qui prie, étudie, mange, dort…parce que c’est la vie,celui qui s’astreint à ce cheminement va devenir un homme qui a compris les responsabilités qui lui incombent et qui deviendra capable de,réellement, se prendre en main. Aujourd’hui,donc,franchissons la première marche qui nous mènera vers les sommets. Et si nous sommes patients, rien ne pourra nous arrêter. Nous vous souhaitons une année pleine de réussite spirituelle et matérielle, de paix et de Torah, en espérant que nous soyons tous suffisamment méritants pour voir notre libérateur très bientôt, amen ken yéhi ratson.