Une des plus belles synagogues de Cracovie se nomme la Shool d’Izik Jakubowicz. Celui-ci, appelé Isaac le riche, était le banquier du roi Ladislav IV et décéda en 1673. Pendant de nombreuses années, elle a été considérée la plus emblématique de la ville. L’histoire veut que cet Isaac, fils de Yacov, était pauvre et vivait modestement quand, une nuit, il rêva d’un immense trésor caché sous le vieux pont de Prague. Sans délai, il se mit en chemin mais, arrivé au pont, il s’aperçut que celui-ci était gardé par un escadron de soldats, et qu’il lui serait ainsi impossible de creuser pour déterrer le trésor. Isaac s’approcha alors de l’officier pour lui raconter son rêve, lui promettant la moitié du trésor si celui-ci lui laissait creuser un trou. La réponse de l’officier fut surprenante: « Seul les fous comme les Juifs polonais peuvent croire à de tels rêves. Pendant plusieurs nuits, j’ai moi-même rêvé que dans la ville juive de Kazimierz, il se trouvait un trésor caché sous le four du pauvre Juif Isaac Jakubowicz. Pensez-vous que je sois assez stupide pour faire tout ce chemin jusqu’à Cracovie et chercher la maison de cet Isaac, fils de Jacob? ». Isaac retourna immédiatement chez lui, démonta son four, trouva le trésor et devint très riche.
On retiendra de cette histoire une grande leçon. Cet homme fit une longue route pour chercher un trésor sans savoir qu’il se trouvait dans sa propre maison…
Dans notre paracha Chémot, Hachem apparut à Moché Rabénou dans un buisson ardent. Et lui dit : « Enlève tes chaussures, car la terre sur laquelle tu te tiens est sainte. »
Le Hafets Haïm avait l’habitude d’expliquer ce verset ainsi : l’endroit dans lequel tu te tiens : ton conjoint, tes parents, tes enfants, ton entourage, ton aspect, tes traits de caractère, là où tu vis…est saint, Kadoch. Hachem a taillé à chacun un costume sur mesure. Notre réussite se trouve en nous, en-dessous de notre maison. Chacun a une mission précise que seul lui peut accomplir.
A l’image de ce bon Izik, nous avons parfois l’impression que notre trésor se trouve ailleurs. Si on avait une autre vie, un autre corps, une autre famille, nous aurions été plus heureux. La Torah nous prévient : « La terre sur laquelle tu te tiens est Kadoch ». Au lieu de fuir ce pourquoi nous sommes venus sur Terre, il faut au contraire essayer de sanctifier le nom d’Hachem, peu importe les circonstances.
Yosef Atsadik avait toutes les raisons du monde de pleurer sur son sort. Il fut vendu par ses frères, jeté en prison douze ans pour une injustice. Et pourtant, le nom d’Hachem ne quitta jamais sa bouche. Et finalement c’est dans cet enfer qu’il rencontra le serviteur de Pharaon, puis devint vice-roi.
« La terre sur laquelle nous nous tenons est Kadoch ! » Hachem attend de chacun de nous une mission spécifique. Il faut se servir de ce qu’Il nous a donné pour nous accomplir, et c’est finalement le seul moyen d’arriver au bonheur. Alors cessons de courir après des chimères et commençons à creuser sous notre maison pour trouver les trésors dont notre Créateur nous a gratifiés.