Au début de la paracha Vayichlakh, Yaacov avinou rentre en Terre Sainte après de longues années chez son beau-père Lavan. A son arrivée, il apprend qu’Essav, son grand frère, se dirige vers lui avec une lourde armée. La Torah témoigna que Yaacov, qui eut très peur, pria Hachem de le sauver de ses mains. Puis il envoya des cadeaux pour calmer son assassin présumé, et finalement Essav tomba dans ses bras, Baroukh Hachem !
Lorsqu’on lit ce passage de la Torah, nous avons du mal à comprendre le comportement de Yaacov Avinou. En effet, dans la paracha de Vayétsé, Hachem promit par deux fois qu’Il le protégerait et qu’Il serait avec lui. Alors comment expliquer que notre ancêtre eut si peur ? Le Midrach Raba nous dit qu’il craignit que les mérites d’Essav, d’avoir honoré son père et d’avoir vécu en Eretz Israël pendant toutes ces années, lui eussent donné le dessus en cas de lutte.
Cependant, cette réponse reste étonnante : premièrement, Yaacov aussi avait suivi la volonté de ses parents en allant chercher une femme chez Lavan. De plus, Yaacov avinou garda les 613 Mitsvot chez ce voyou pendant vingt ans: il resta intègre, fidèle à Hachem et entier dans sa Torah. Cette attitude ne fut- elle pas pas plus méritoire que ces deux Mitsvot ?
Il est écrit, dans le traité de Chabat (32, a) au nom de Rabi Yanaï, qu’un homme ne doit jamais se mettre en danger et se dire qu’Hachem le sauvera par un miracle. De peur que cette situation, en se produisant, diminue les mérites de son bénéficiaire. La guémara continue et dit au nom de Rabi Hanine que l’on apprend cela de notre paracha de la prière de Yaacov Avinou: « Je suis réduit à cause de tous les bienfaits que Tu m’as prodigués…»
Désormais, nous pouvons comprendre le comportement de notre patriarche. Notre ancêtre redoutait les deux Mitsvot d’Essav car il venait de perdre de ses mérites. N’oublions pas que quelques jours auparavant, Lavan était venu pour le tuer. Alors Hachem lui apparut en rêve et l’empêcha de le toucher. Ce miracle effectué pour Yaacov fut la source de sa crainte. « Je suis réduit de mes mérites, après tous le bien que Tu m’as fait ! » Qui sait combien de mérites lui ont coûté cette intervention divine.
De là, nous apprenons à quel point il faut s’éloigner de tout danger. Ainsi est- il tranché dans le Choulkhan Aroukh (Ora Haim 156). Le Pélé Yoetz écrit (dans son chapitre sur l’amour de soi) que celui qui ne s’éloigne pas de tout ce qui est néfaste pour son corps se comporte comme un véritable ennemi. Il devra rendre des comptes pour cela. Et s’il se met en danger, il mérite de se faire punir car il a transgressé la Mitsva de faire très attention à sa santé.
Ainsi, dans cette période de Covid, il faut savoir que notre devoir, en tant que juif croyant, est bien de faire attention à notre vie et à celle des autres. Il faut éviter autant qu’il est possible de se mettre en danger. Car même si on s’en sort sain et sauf, combien de Mitsvot cela nous a coûté ?
Hélas, certains pensent que porter un masque et suivre les consignes de sécurité représente un manque de foi. Hachem ne peut-t-Il pas nous protéger sans masque ? Et s’Il veut qu’on soit malade, même une combinaison hermétique ne saurait nous protéger.
Il faut savoir que ce raisonnement va à l’encontre de la guémara dans Kétouvot ( 30,a) qui dit que « Tout vient d’Hachem sauf le froid et le chaud » Rachi explique que s’il arrive des choses néfastes à un homme, ce sont des décrets Divins. Mais si un homme attrape froid car il ne se couvre pas assez, ou s’il attrape une insolation après être resté cinq heures en plein soleil, ce n’est pas une punition divine mais une erreur humaine !
Le Messilat Yécharim écrit à la fin du chapitre sur le zèle « qu’Hachem plaça en l’homme une intelligence afin de lui permettre de se protéger des choses néfastes. Celui qui refuse de suivre le chemin de la sagesse et s’expose aux dangers ne fait pas preuve de confiance en Dieu mais plutôt de folie. En effet, son action est une faute à l’encontre de la volonté de son Créateur, qui veut que tout homme fasse attention à lui-même. Cependant, une personne qui multiplie les précautions de manière exagérée est également considérée comme fautive, car excessive. Comment savoir si notre crainte est justifiée ? Là où le danger est réel, il faut se protéger, mais s’il n’est pas flagrant, il n’y a pas lieu de craindre. »
Hélas, chaque jour des milliers d’individus quittent ce monde à cause de cette épidémie. Alors ne fautons pas contre notre Créateur et contre nous-même. Prenons nos précautions pour ne pas tomber malade afin de pouvoir servir Hachem jusqu’à 120 ans, amen ken yéhi ratson.