Il est écrit dans le Choulhan Aroukh (46 , a) que lorsqu’on se réveille on doit réciter la
bénédiction « Elokai Nechama », lorsqu’on entend le chant du coq « Anoten laservi bina »,
lorsqu’on s’habille « Malbuch Adoumim », lorsqu’on se frotte les yeux « poké akh Ivrim » ,
lorsqu’on s’assoit « matir asourim » lorsqu’on se redresse « zokef kéfoufim » lorsqu’on met
le pied par terre « roka aaretz al amyim » …
Le Michna Broura explique que les sages ont institué ces bénédictions du matin car il est
interdit de profiter de ce monde sans louer Hachem. Ce que nous apprenons d’une
contradiction entre deux versets : une fois il est écrit que la Terre appartient à Hachem, et
ailleurs qu’elle fut donnée à l’homme … La guemara répond : avant la bénédiction, tout
appartient à Hachem, après la bénédiction, l’homme a le droit d’en profiter.
Dans la loi (46, 8) le Choulan Aroulh écrit que seul celui qui entend le coq dira la bénédiction
« Anoten laservi Bina » avec le nom d’Hachem. Pareil pour celui qui n’a pas d’habit et qui récitera la
bénédiction « Malbich Aroumim » sans le nom Divin. Puisque qu’il ne profite pas de la
chose, il ne peut pas bénir Hachem.
Cependant les décisionnaires n’ont pas tranché de cette façon. Maran AHida, le Ben Ich Hai, le
Caf Haïm écrivent que nous suivons l’avis du Ari Zal dans cette Halakha qui explique que
ces bénédictions n’ont pas été instituées pour remercier Hachem pour un simple profit personnel,
mais pour le bien qu’Il fit à l’humanité en donnant à l’Homme un corps, des vêtements…
Ainsi nous ferons les bénédictions avec le nom d’Hachem même si n’avons pas profité
personnellement de cette chose. Le rama avait également tranché ainsi pour les bné
achkénaze en témoignant que la coutume l’imposait et qu’il ne fallait pas la changer.
Il existe cependant quelques exceptions, comme nous allons le voir :
Nétilat Yadaim du matin : comme nous le savons, au réveil nous devons nous laver les mains trois fois en alternance avec un ustensile puis réciter la bénédiction « Al nétilat Yadaïm ». Cependant, une personne qui a veillé toute la nuit ne récitera pas cette bénédiction. En outre, le Michna Broura enseigne pour les bné Achkénazim qu’après être allés aux toilettes, ils pourront faire nétilat yadaïm et réciter la bénédiction Al Nétila Yadaïm avant Acher Yatsar.
Cependant, pour les Séfaradim : le Caf Hahaïm et le Yalkout Yosef écrivent que celui qui n’a pas dormi, même pas une demi-heure, ne récitera pas la bénédiction même après être allé aux toilettes.
Elokaye Néchama et Amavir Chéna : si une personne s’est tenue éveillée toute la nuit, il existe une divergence d’opinion sur la nécessité de réciter ces bénédictions ou pas.
Le Michna Broura écrit qu’il est bien de se faire acquitter par une personne qui a dormi. Le Psiké Téchouva rajoute que si elle ne peut pas se faire acquitter par une tierce personne, elle pourra réciter ces bénédictions. Car ainsi est la coutume des bné Achkénazim.
Le Ari zal, le rav HaHida et le Ben Ich Hai pensent que même celui qui n’a pas dormi se doit de réciter ces bénédictions, ainsi est la loi pour les Séfaradim.
Chéassa li kol Tsorki : le Ari zal enseigne que l’on ne doit pas la réciter le 9av et Yom Kippour. Puisque cette bénédiction vient remercier Hachem de nous avoir donné des chaussures en cuir alors que pendant ces deux jours, il est interdit de mettre des chaussures en cuir. Ainsi trancha le rav HaHida et le Ben Ich Haï.
Cependant le rav Ovadia Yosef décréta que l’on doit la réciter pour plusieurs raisons : de nombreux décisionnaires écrivent que nous louons Hachem pour avoir donné à l’Humanité des chaussures. Même si nous ne pouvons pas en profiter pendant ces jours, notre devoir est de louer le Créateur pour ce cadeau. De plus, celui qui habite un endroit dans lequel les scorpions et les serpents sont présents a le droit de porter des chaussures en cuir, même s’il existe aujourd’hui des chaussures de très bonne qualité. Enfin la coutume est de la réciter. Ainsi tranchera le Piské Téchouvot pour les bné Achkénazim.
Il est écrit dans le traité de Ménahot (43, b) au nom de rabi Meïr, que nous sommes obligés de faire cent bénédictions par jour. Ainsi trancha le Choulkhan Aroukh dans le chapitre 46, halakha trois. Pour celui qui fait ses trois prières journalières, il est très simple d’arriver aux cent bénédictions en semaine. La difficulté réside à Chabat et aux jours de fêtes. En effet, la prière passe de 19 bénédictions à 7. Même si nous rajoutons encore 7 pour le Moussaf, et trois pour le kidouch, la différence est de 26. C’est pourquoi il est important d’essayer de manger des fruits ou de sentir des plantes pour compléter les cent bénédictions.
Le Choulkhan Aroukh ( 284, 3) enseigne que nous pouvons aussi considérer les bénédictions de celui qui monte à la Torah avant et après, plus celle de la Haftara. Pour cela, il faudra écouter attentivement celui qui fait ces bénédictions.
Enfin, il faut savoir que le compte de ces bénédictions commence de la nuit à la fin de la journée du lendemain. Et que les femmes sont concernées par cette Mitsa d’après la majorité des décisionnaires.
Il est écrit dans le traité de Ménakhot ( 43,b), au nom de rabi Meïr, qu’un homme doit dire ces trois bénédictions chaque jour : « Chélo Assani Goy, Chélo Assani Aved et Chélo Assani Icha » ce qui veut dire: »merci Hachem de ne pas m’avoir fait non juif, esclave et femme. » Ainsi trancha le Choulkhan Aroukh ( 46,3).
Il faut faire attention à dire ces bénédictions dans cet ordre. Car le non juif ne possède que sept Mitsvot alors que l’esclave doit effectuer les mêmes Mitsvot que la femme, même si celle-ci est plus importante que lui. Ainsi, si une personne s’est trompée et a commencé par « Chélo Assani icha » a priori elle a déjà remercié de ne pas être non juive et esclave puisque le niveau de la femme est supérieur à celui du non juif et de l’esclave.
Cependant, le rav David Yosef trancha, comme le Taz, qu’il sera possible de dire ces bénédictions dans le désordre si on s’est trompé. Car chacun possède une qualité qui n’est pas chez l’autre : Le non juif peut se convertir et atteindre toutes les Mistvot, chose que la femme ne peut pas faire. L’esclave a la Mitsva de la Brit Mila en plus que la femme. Donc même si on a déjà remercié de ne pas avoir été fait femme, il y a encore du sens à remercier D de ne pas avoir été non juif ou esclave.
Les femmes diront : « Baroukh chéassani Kérétsono » qui veut dire: » merci de m’avoir fait selon Ta volonté. » Puisque cette bénédiction n’est pas inscrite dans le Talmud, elles la diront sans le nom divin. En revanche, elles diront «chélo assani goya, chélo assani chifra » avec le nom d’Hachem.
Enfin, il existe une discussion sur la bénédiction qu’un converti doit prononcer. D’après le Bet Yosef, il ne dira pas « Chélo assani Goy » puisqu’Hachem l’a créé non juif. En outre, le Darké Moché explique qu’il pourra dire « chéassani guer »: « qui m’a fait converti » puisque dans la paracha Lekh Lekha, il est écrit qu’Abraham prit les âmes qu’il avait faites à Haran. » Donc, dire faire n’ est pas simplement relatif à la naissance mais peut vouloir dire: « aujourd’hui après ma conversion. » Mais il ne dira pas « Chélo Assani goy », ainsi tranchera le Rama.
En conclusion, pour les Séfarades, un converti de récite pas cette bénédiction du tout. Pour un Ashkénaze, il pourra dire Chéassani guer.