Mouktsé Mékhamat Gouffo: Les Animaux (cour n°8)
par Yossef Rozenberg
Mouktsé Mékhamat Gouffo
Les Animaux
♦ Pourquoi les animaux sont-ils Mouktsé ?
Dans le traité de Chabbat (128b), il est écrit que les animaux sont Mouktsé.
Le Choulkhan Aroukh rapporte cette loi dans la catégorie de Mouktsé Mékhamat Gouffo. En effet, la raison pour laquelle les animaux sont Mouktsé est qu’ils n’ont aucune utilité. Par conséquent, ils sont Mouktsé Mékhamat Gouffo.
Nous trouvons déjà dans les Richonims une discussion vive concernant cette loi :
- Certains sont d’avis (Maarakh Ohr Zaroua) que les oiseaux que nous avons l’habitude de domestiquer pour leur chant ou leur plumage ne sont pas Mouktsé. Car ils ont une utilité bien précise autorisée pendant Chabbat et ne sont donc pas Mouktsé Mékhamat Gouffo.
- En revanche, d’autres avis (le Roche et l’Orkhot Khaim), pensent que même ces oiseaux seront Mouktsé. Ils affirment que tous les animaux sont Mouktsé car ils ne possèdent pas le statut de Kéli (ustensile).
Selon ces avis, il ne suffit donc pas d’être utile pour ne pas appartenir à la catégorie de Mouktsé Mékhamat Gouffo : il faut aussi avoir le statut d’un ustensile.
Le livre « Bétsel Hakhokhma » propose une explication innovante pour clarifier la raison de ce Mouktsé : Nos sages ont interdit d’utiliser un animal pendant Chabbat de peur qu’on arrache une branche d’un arbre pour la diriger. Cependant, a priori, les animaux destinés à des utilités autorisées comme les oiseaux ne devraient pas être Mouktsé. Seulement, nos sages n’ont pas fait de distinction lors de l’instauration de la loi relative à l’utilisation des bêtes. Par conséquent, tous les animaux ne sont destinés, par défaut, à aucune utilité, puisqu’ils sont interdit à l’utilisation pendant Chabbat. Il en découle que tous sont donc Mouktsé.
Les animaux sont Mouktsé Mékhamat Gouffo, car ils ne sont destinés à aucune utilité.
Cependant, dans le même passage du Talmud où est mentionné l’interdit de déplacer les animaux sont écrites les lois suivantes :
On aura le droit de pousser une poule qui est sortie de son poulailler pour la remettre dans son enclos.
De même aura-t-on le droit de faire claudiquer de jeunes veaux ou des poulains pour les aider à marcher (dans un domaine privé). C’est-à-dire les attraper par le cou ou par les flancs et les aider à se déplacer.
Toutefois, on ne pourra pas soulever des animaux même si c’est pour les aider à marcher.On n’aura pas le droit de faire claudiquer une poule car elle s’envole et ce sera donc considéré comme l’avoir soulevée.
Nous voyons donc qu’on a le droit de déplacer dans animaux dans ces cas cités du moment qu’on ne les soulève pas.
Pourtant la loi de Mouktsé Mékhamat Gouffo demande qu’on ne puisse pas bouger l’objet Mouktsé ?
Les Akharonims expliquent que lorsqu’ il y a un risque de peine pour les animaux, par exemple dans notre cas de figure où le veau n’arrive pas à marcher, ou lorsque la poule risque de perdre la vie. On aura le droit de bouger l’animal de façon partielle sans le soulever (Tiltoul Bémiktsat) afin de lui éviter que de la peine lui soit causée. (A noter que Mouktsé est une loi instaurée pas les sages). Cependant, les soulever reste interdit même lorsqu’il y a un risque de peine pour les animaux.
♦Cage d’oiseaux ou un aquarium qui est exposé au soleil :
Nous avons vu que certains Posskims sont d’avis que les oiseaux ou les poissons qui sont domestiqués pour leur chant ou leur apparence ne sont pas Mouktsé.
La Halakha est cependant favorable à ce qu’ils soient eux aussi Mouktsé.
Le Yalkout Yossef écrit qu’on pourra s’appuyer sur les premiers avis pour déplacer en soulevant une cage ou un aquarium exposé au soleil pour éviter la peine aux bêtes qui s’y trouvent. Bien qu’on ne puisse pas soulever les bêtes même pour leur éviter de la peine, nous pouvons nous appuyer sur l’avis autorisant à déplacer cette catégorie d’animaux pour les ménager.
♦Exception à la règle des animaux Mouktsé :
le Rav Chlomo Zalman Oyrbakh écrit que les chiens destinés à assister les malvoyants ne sont pas Mouktsé car ils ont une utilité bien définie, celle d’aider ces derniers à se déplacer.