Comme vous le savez, le 9 av, nous jeûnerons et porterons le deuil de Jérusalem, de notre Temple. En cette date, les deux Beth Amikdach furent détruits ainsi que la ville de Bétar, le mont du Temple fut labouré et nos ancêtres furent condamnés à rester dans le désert après la faute des explorateurs. Pendant vingt-quatre heures, nous allons pleurer sur les souffrances de la Présence Divine en exil ainsi que sur celles que nous endurons depuis deux mille ans…A l’image de véritables endeuillés, il nous est interdit de nous laver, de mettre des crèmes, de porter des chaussures en cuir, d’avoir une relation avec son conjoint, d’étudier la Torah ( excepté les textes traitant de cette période et des livres de morale),et on évitera de se promener afin de ne pas se distraire… Il est écrit dans le Choulkhan Aroukh (525, 25): « Tout celui qui boit et mange le 9 av ne verra pas la joie de Jérusalem reconstruite. Et tout celui qui s’endeuille pour Jérusalem se réjouira lors de sa reconstruction. » Et,plus encore, nous dit le Zohar: » Tout celui qui pleure en ce jour, Hachem écoute ses plaintes, lui répond et lui efface toutes ses fautes. »
Cependant, le problème qui se pose tous les ans à l’approche de ces jours de souffrances est le suivant: comment pouvons-nous nous endeuiller et pleurer sur un événement qui eut lieu voilà plus de deux mille ans?
Le Maguid de Douvno zal raconte qu’il y avait un couple qui possédait tout ce que l’on peut désirer: la santé, la paix au foyer, la réussite financière…Une seule ombre ternissait ce beau paysage: le couple n’arrivait pas à avoir d’enfant. Après quelques années de prières et d’efforts, la femme tombe enceinte. La joie et l’amour de ce couple ne faisaient que s’amplifier chaque jour. Après neuf mois d’attente, le jour enfin attendu arrive. La femme entre dans la salle d’accouchement alors que le mari multiplie les prières dans le couloir. Les heures s’écoulent…Soudain on aperçoit les médecins rentrer et sortir avec agitation dans la salle d’accouchement. Dix minutes plus tard, le responsable du service s’approche du mari,le visage décomposé,et lui annonce en balbutiant que la situation n’est pas bonne du tout. » Il parait à l’heure actuelle impossible de sauver votre femme et le bébé. Vous devez choisir immédiatement qui vous voulez sauver en priorité. »
Le bonheur de ce malheureux vient de s’effondrer en un instant. Doit-il sacrifier ce bébé qu’il attend depuis tant d’années? D’un autre côté, comment envoyer sa femme qu’il aime tant chez l’ange de la mort? Après quelques secondes qui durèrent une éternité, il répondit au médecin qu’il ne pouvait pas trancher la question lui-même. « Demandez à ma femme et faites ce qu’elle décidera. » Lorsqu’ils annoncèrent à cette dernière la nouvelle, elle se mit à pleurer. » J’ai passé de si merveilleuses années dans ma vie. Jamais il ne me manqua quoi que se soit. Cependant je suis prête à tout sacrifier pour avoir le mérite d’enfanter un bébé en bonne santé. Même si je ne le connais pas, j’aime déjà cet enfant qui va sortir de moi. Sauvez mon fils, je vous en prie! Sur le champ, les médecins s’occupèrent de l’enfant et le sauvèrent, alors que la mère quitta ce monde.
Bien évidemment, la vie de cet enfant fut liée à la mort de sa mère. Sa Brit Mila fut le jour de la semaine de deuil. Le rachat du premier-né se passa à la fin du mois. Puis chaque anniversaire du fils était également celui du décès de cette femme qui avait tout sacrifié pour lui. Pendant de nombreuses années, personne ne put faire le Kaddish pour cette femme. Le soir de la Bar Mitsva du petit, le treizième anniversaire de décès de la maman, le fils allait enfin faire le Kaddish pour sa mère. Toute la famille attendait avec émotion cette première prière.Tous ses membres se rendirent tous sur la tombe de la défunte,firent quelques oraisons funèbres et pleurèrent. Le père se tourna alors vers son fils et lui dit: « Viens chéri, tu vas enfin pouvoir rendre à ta mère ce qu’elle a fait pour toi. A travers ce premier Kaddish, tu vas enfin la remercier pour cette vie qu’elle t’a donné. » Le fils éleva la voix, bâcla le Kaddish en quelques secondes et avala la moitié des mots. Le père s’effondra. « Qu’y a-t-il, papa? ». Le père s’évanouit une fois de plus. « Tu n’as pas honte. Après tout ce que ta mère a fait pour toi… On ne te demandait qu’une seule chose, faire le Kaddish comme il se doit! » Le fils répondit: « Papa,quand je vous entends pleurer à propos de maman, je comprends votre peine. Mais moi, comment pouvez-vous me demander quoi que ce soit? Je n’ai jamais reçu un « bonne nuit » de sa part, pas un sourire, pas un cadeau. Je ne sais même pas à quoi elle ressemblait. Comment voulez-vous que j’aie de la peine pour elle? » Alors le père s’effondra à nouveau et eut du mal à se relever.
Lorsqu’on entend cette parabole, on éprouve une certaine haine pour cet enfant. Comment peut-on être aussi insensible? Être aussi égoïste? Et pourtant, cet enfant,nous dit le Maguid de Douvno, c’est nous! Hachem nous sortit d’Egypte, nous emmena en Eretz Israël puis construisit une Maison pour nous. Chacun pouvait se rendre au Beth Amikdach et voir la Présence Divine. Quelques années plus tard, les bné Israël fautèrent tellement qu’il ne resta à Hachem que deux possibilités: soit détruire le peuple juif, soit détruire sa Maison et partir en exil. Alors Il sacrifia Son Temple afin que son fils unique survive. Depuis deux mille ans, l’honneur d’Hachem est bafoué. Une mosquée recouvre son palais! Baroukh Hachem,nous avons tous une maison, une situation, une famille…Hachem ne nous demande qu’une seule chose: de nous associer un jour de l’année à Sa souffrance et à Sa peine. Nous devons prendre conscience que cet exil est le fruit de nos fautes. C’est pourquoi la Mitsva de ce jour est de faire Téchouva. Nous devons regretter notre mauvais comportement et pleurer avec Hachem sur cet exil qui n’en finit pas et sur toutes les souffrances que nous subissons. Combien d’orphelins, de malades, de pauvres…Alors prions ensemble, en ce jour unique, pour qu’Hachem transforme ce jour de tristesse en jour de fête. Qu’Il nous pardonne enfin nos fautes et celles de nos parents. Et qu’Il nous donne le mérite de voir Jérusalem dans sa gloire très prochainement, amen ken yéhi ratson.