Nous allons entrés cette semaine dans le mois de Adar. Comme vous le savez, il est écrit dans le traité Taanit (29, a): « Lorsque Adar arrive, nous devons nous réjouir davantage! » Essayons de comprendre quel est le message de cet enseignement. En effet, comment les sages ont-ils pu nous demander d’être plus joyeux? La joie est-elle un sentiment que nous maîtrisons pour exiger une telle chose? A priori, la gaieté surgit d’elle-même lorsqu’il nous arrive des événements agréables. Et plus encore, comment une personne qui connaît des difficultés de santé, financières ou de couple…peut-elle se réjouir?
Pour répondre à cette question,nous allons essayer de comprendre une gémara du traité de Chabat (88,a). Il est écrit dans la paracha Yitro,lors du don de la Torah,que les bné Israël se tenaient en-dessous de la montagne. Nous apprenons de là, nous disent les sages, qu’Hachem déracina la montagne, la plaça au-dessus de nos ancêtres et leur dit: « Si vous acceptez ma Torah, vous vivrez. Sinon, ici sera votre tombeau. » Et ce ne sera qu’à l’époque de Mordékhaï et d’Ester que les juifs acceptèrent la Torah de plein gré. De nombreux commentateurs s’étonnent devant cet enseignement. Nous avons lu la semaine dernière que les bné Israël s’écrièrent d’une seule voix:tout ce que dira Hachem,nous le ferons et nous comprendrons. Cela prouve qu’ils prirent sur eux le joug divin,volontairement,au Mont Sinaï. Alors pourquoi nos sages expliquèrent-ils que lors du don de la Torah, il manquait quelque chose?
Si nous nous arrêtons un instant sur l’histoire de Pourim, nous pouvons constater qu’elle diffère de toutes les autres fêtes. A la sortie d’Egypte et lors de la victoire de Hannouka, le peuple juif était dominé par un ennemi. Après de nombreux miracles, nos ancêtres goûtèrent à la liberté, se débarrassèrent de leurs ennemis et commencèrent une nouvelle vie. En cela, l’histoire de Pourim est toute différente. Au début de la Mégila d’Ester, les juifs sont exilés depuis plus de 70 ans et subissent les affronts de leurs ennemis. Or le prophète Jérémie avait annoncé qu’après 70 ans d’exil à Babel, Hachem les délivrerait et les ramènerait en Israël. Ce temps semblait révolu alors que le roi Akhachvéroch fêta sa victoire sur le Dieu des juifs. Il sortit les ustensiles du Temple, s’habilla avec les vêtements du Cohen Gadol et organisa 187 jours de festin afin de montrer sa puissance. De nombreux juifs désespérèrent de la situation à la vue de ce spectacle et commencèrent à s’éloigner de la Torah et des mitsvot. Vous connaissez la suite: Haman aracha décréta la mort de tous les juifs,hommes, femmes et enfants,le 13 Adar. Et finalement Hachem nous sauva par l’intermédiaire de Mordékhai et Ester. Haman et son équipe trouvèrent la mort en ces jours, qui devinrent des jours de fête et de joie pour tout notre peuple. Plus que cela, c’est à ce moment précis que les juifs acceptèrent la Torah de plein gré.
Et pourtant, si on réfléchit un instant, nous pouvons nous demander pourquoi ils étaient si joyeux. A la fin de l’histoire, leur situation paraissait identique qu’au début: les bné Israël étaient en exil, le Temple restait détruit et ce gredin d’Akhachvéroch régnait sur le monde!! La réponse est simple. Après avoir effleuré la mort, les juifs comprirent que même s’ils n’étaient pas encore délivrés, ils étaient en vie. Et ils furent tellement contents d’avoir survécu qu’ils acceptèrent la Torah et les Mitsvot malgré leurs conditions de vie difficiles. Désormais, nous pouvons comprendre pourquoi les sages ont dit que ce n’est qu’à cette époque de Pourim que les bné Israël acceptèrent la Torah de plein gré. Car même si nos ancêtres avaient pris sur eux le joug divin dans le désert, lors du don de la Torah, à ce moment ils avaient la belle vie. Donc ils n’avaient pas encore pris sur eux le joug divin dans la difficulté et les souffrances.Ce ne sera qu’à Pourim que tout le peuple atteindra ce niveau.
En ce mois d’Adar, nous nous préparons à cette fête. En lisant la Mégila, nous devons comprendre qu’il y a deux façons de voir et d’analyser notre vie: soit en se focalisant sur les manques dont nous souffrons, comme le firent nos ancêtres au début de l’histoire de Pourim,soit,à l’image des bné Israel à la fin de la Mégila,en nous réjouissant de tout ce que nous possédons. La première attitude peut amener à la tristesse et à s’éloigner d’Hachem.La seconde nous donne,elle, la possibilité d’être joyeux malgré les difficultés. Voilà ce qu’Hachem attend de nous pendant ce mois d’Adar. Nous devons essayer d’oublier un peu ce verre à moitié vide, afin de contempler tous les trésors qui se cachent dans sa partie pleine. Alors essayons d’appliquer dès aujourd’hui cet enseignement qui changera,j’en suis sûr, notre vie, amen ken yéhi ratson