Pour l’honneur d’Hachem
Dans cette première paracha de l’année, Béréchit, la Torah nous raconte l’opposition entre les deux fils d’Adam Arichone : Kaïn et Evel. L’entente entre ces hommes fut brutalement rompue après le refus de l’offrande de Kaïn. En effet, les deux frères apportèrent un sacrifice à Hachem. Kaïn,qui était agriculteur, offrit quelques semences de médiocre qualité et Evel, un berger,offrit des premiers- nés de son troupeau et de leurs parties grasses. Abattu et courroucé par le refus de son sacrifice, Kaïn assassina son frère. Comme nous le savons, la Torah et, en particulier, le livre de Béréchit, n’est pas un livre d’histoire. Chaque lettre étant porteuse de messages pour les générations futures, nous allons essayer d’expliquer une des leçons à tirer de la chute de Kaïn.
Nos sages enseignent que Kaïn avait des capacités spirituelles plus élevées qu’Evel. Il fut d’ailleurs le premier être vivant à offrir un sacrifice au Créateur. En outre, le Ramban zal explique qu’il connaissait également le secret des offrandes. C’est-à-dire les pensées, les paroles et les actes nécessaires afin que son sacrifice soit agréé par Dieu. Plus encore, le Perké de Rabi Eliezer dit qu’il connaissait également l’endroit du Beth Amikdach, sur lequel il plaça son offrande. Evel, quant à lui, ne connaissait pas tout cela, mais il « apporta également une offrande »: il copia donc son frère. Et pourtant Hachem choisit les bêtes d’Evel et délaissa les végétaux de Kaïn. A priori, si toute l’initiative provenait de ce dernier, pourquoi n’a-t-il pas été lui aussi agréé ?
Il est écrit dans le Messilat Yécharim,dans le chapitre sur la piété (Hassidout),que certaines personnes pensent que les honneurs et la gloire ne sont désirés que par les orgueilleux. Or, Hachem, qui est bien au-dessus de ces contingences, n’a que faire de tout cela. Il suffit donc de faire les mitsvot avec sincérité ! Cependant, poursuit le Ramhal zal, Hachem se nomme « Dieu de la Gloire » (Tehilim 29,3). Et nous avons l’obligation de l’honorer quoi qu’il n’ait pas besoin de nos honneurs. Ainsi Kaïn pensa-t-il qu’il suffisait d’offrir un cadeau à Hachem. Car quelle différence pour Hachem si on brûle pour Lui des kilos de bons fruits ou quelques graines de lin? A l’inverse, Evel offrit ce qu’il avait de meilleur, ses plus belles bêtes. Il avait compris qu’il fallait apporter de belles choses à Hachem, car l’extériorité du sacrifice témoigne de l’intériorité de celui qui l’apporte. Ainsi, en choisissant ce qu’il avait de plus cher, il prouvait à Hachem son désir sincère de lui faire plaisir. Or, comme nous le savons, l’objectif principal des sacrifices est de se rapprocher de notre Créateur… C’est pourquoi l’offrande d’Evel fut davantage acceptée.
La Torah nous enseigne à travers cet épisode une leçon fondamentale pour l’accomplissement de nos Mitsvot. Même s’il est vrai qu’Hachem n’a pas besoin de sacrifice onéreux, nous avons besoin d’investir pour accomplir la volonté Divine. Car l’aspect extérieur de nos Mitsvot reflète notre attachement pour elles. Nous pouvons comprendre cela à travers un exemple de la vie quotidienne. Il existe de nombreuses façons de donner de l’argent à des jeunes mariés le jour de leur union. Certains prennent les enveloppes de la salle alors que d’autres font l’effort d’aller, avant la soirée, acheter une belle enveloppe de fête. A priori, l’enveloppe paraît tout à fait secondaire face à la somme d’argent qui s’y trouve. Il est même presque inévitable qu’elle finisse à la poubelle. Et pourtant, nous voyons combien cette petite attention supplémentaire exprime, à elle seule, la joie de l’invité de faire ce présent. Cette petite enveloppe proclame en quelque sorte : si j’avais pu, je vous aurais offert encore davantage.
Lorsque nous portons un beau Talith, des téfilines de belle qualité, lorsque nous investissons pour les fêtes ou Chabat, nous offrons nos mitsvot dans de belles enveloppes de soirée et montrons ainsi à Hachem notre amour pour Lui et pour Ses commandements. Ainsi, l’offrande de Kaïn reflétait-elle un manque d’amour et de sincérité et ne fut donc pas acceptée par le Maître du Monde. A l’image d’Evel, nous devons essayer d’offrir ce que nous avons de plus beau pour Lui afin d’être sûrs de voir notre service agréé.