Il est enseigné dans la seconde Michna du traité de Roch Hachanna que, le premier Tichri, tous les êtres humains se font juger et passent devant le Tout Puissant comme les bné Mérone. La guémara (18; a) donne trois définitions du terme bné Mérone. Dans le Talmud Bavli, les sages expliquaient que Mérone signifie des moutons. Et, de même que ces animaux passent un par un à travers un petit couloir pour être dénombrés, chaque homme est, individuellement, jugé par le Créateur. Rech Lakich, quant à lui, affirme que l’auteur de la Michna fait allusion à la montagne de Mérone, dont les chemins étroits et abrupts ne permettent qu’à une seule personne à la fois de passer. Enfin, rav Yéhouda, au nom de Chmouel, traduit le mot Mérone par Roi. Ainsi, les bné Mérone sont les soldats royaux qui étaient comptés un à un avant de partir en guerre. De nombreux commentateurs s’étonnent à la lecture de cette guémara. Puisque ces trois explications transmettent la même idée que nous passons, individuellement, devant Hachem à Roch Hachanna, pourquoi les sages ont-ils donné trois images différentes? Une des raisons apportées par nos maîtres est que le Talmud a voulu décrire trois sortes de personnes à Roch Hachanna: Le premier ne sait pas trop ce qu’il fait là. Il suit le troupeau sans se poser de question. Il ne s’est pas préparé à cet événement et ne comprend pas les enjeux de ce jour sacré. Pour le second, Roch Hachana ressemble à une randonnée éprouvante. Il connaît les difficultés et c’est pourquoi il s’est conditionné depuis quelques jours pour vivre cette expérience. Enfin, le dernier appréhende ces jours comme une ultime bataille. Il a pleinement conscience que son destin et celui de son pays sont en jeu. Depuis déjà de nombreux jours, le jugement ne quitte pas son esprit. Nous savons combien de préparatifs nécessite une affaire juridique.Il ne viendrait à l’esprit de personne de se présenter devant un juge sans avocat ou argumentation. De la même façon, chacun de nous a le devoir de se préparer avant de passer devant le Maître du monde à Roch Hachana. Pour cela, nous devons comprendre toute la nature du jugement effectué en ce jour;
Lorsqu’on pense à Roch Hachana, on s’imagine qu’on défile devant Hachem le film de l’année. Si l’ensemble de nos actes tend vers le positif, nous serons inscrits dans le livre de la vie et des bénédictions. Dans le cas contraire, nous serons versés dans le livre des malédictions h’v…Cependant, la guemara semble nous donner une autre définition des choses.
Il est écrit dans le traité de Roch Hachana (16, a et b)qu’ Akadoch Baroukh Hou a dit: » sonnez dans des cornes de béliers afin que Je me souvienne d’Itshak, fils d’Avraham, et Je vous donnerai le mérite de vous être sacrifiés pour Moi ». Puis la guémara continue et demande: » pourquoi sonnons- nous du chofar deux fois, une fois assis avant Moussaf et une fois debout pendant Moussaf? Afin d’empêcher le Satan d’accuser ». Enfin, il est enseigné au nom de rabi Itshak: l’homme n’est jugé à Roch Hachana que sur son comportement lors de cette journée.
A la lumière de ces textes, nous pouvons nous demander: où est la Justice. Comment le Roi du Monde, le Juge suprême, peut- il nous donner toutes les possibilités pour sortir vainqueurs du jugement? Pourquoi nous juger uniquement sur le jour pendant lequel les accusateurs sont absents et pendant lequel nous sommes les plus irréprochables?
Force est de constater que nous possédons une fausse conception de Roch Hachana. Ce jour ne scelle pas le bilan de l’année qui s’est achevée. Le jugement qui a lieu n’a pas pour but de punir les fauteurs et de récompenser les tsadikim, car les punitions et les récompenses sont réservées pour le monde futur. En vérité, Roch Hachana représente l’occasion unique d’ouvrir une nouvelle page. En ce premier jour de l’année, Hachem nous permet de tirer un trait sur l’année qui s’est conclue. Hachem nous juge en fonction du projet que nous lui présentons ce jour. Ainsi, quiconque décide de changer et de se rapprocher de Son Créateur est inscrit dans le livre de la vie. C’est-à-dire qu’il recevra tous les moyens: la santé, les forces spirituelles et matérielles, l’entourage, la famille dont il a besoin pour réaliser ce projet. Or, pour nous ramener vers Lui, Hachem n’hésite pas à user de tous ses atouts. Il fait taire le Satan, nous ordonne de sonner du chofar pour nous réveiller, et Il ne regarde que notre comportement de ces 48 heures pendant lesquels nous sommes les plus décidés à changer.
Désormais, nous pouvons donc comprendre comment nous préparer à ce grand moment. Nous devons commencer à réfléchir sur nos vies. Observer toutes les bontés que le Créateur nous offre chaque jour depuis notre naissance. Il nous faut donc comprendre combien une vie sans Torah et sans Mitsvot est singulièrement dépourvue de but et de sens. Et c’est grâce à ce mois de réflexion et Téchouva que nous pouvons parvenir à désirer sincèrement être les serviteurs du Maître du Monde et donc respecter Sa volonté. Car ce n’est qu’en s’armant de cette ambition que nous serons inscrits dans le livre des vrais vivants. Nous vous souhaitons beaucoup de réussite dans cette démarche, amen ken yéhi ratson.