Pirké Avot: La condition indispensable
par Itshak Nabet
Nous lirons la michna suivante dans le cinquième et dernier chapitre officiel des maximes des pères. En effet, le sixième chapitre a été compilé bien plus tard, à partir de divers enseignements du Talmud afin de pouvoir lire un chapitre par semaine, pendant les six semaines qui séparent Pessah de Chavouot. Ainsi, ce livre des Avot se conclut-il sur les enseignements suivants:
« Ben Bag Bag disait (en parlant de la Torah): tourne la et retourne la, car tout s’y trouve dedans. Viens t’apercevoir (de la vérité), étudie la jusque dans tes vieux jours. Ne t’écarte pas d’elle, car il n’existe pas de meilleure vertu qu’elle. Ben Hé Hé disait: le salaire est fixé en fonction de l’effort. »
A priori, nous devons essayer de comprendre pourquoi ce livre des avot, qui traite essentiellement des vertus qu’un homme doit avoir, s’achève sur une incitation à l’étude de la Torah. N’aurait il pas été plus logique de finir sur l’obligation d’améliorer son comportement, qui constitue le message principal de ce traité? De plus, Ben Bag Bag qualifie la Torah de vertu, en disant « qu’il n’existe pas de meilleure vertu qu’elle ». Puisque l’étude de la Torah n’est pas une valeur, il y a lieu de s’interroger: pourquoi ce Tana n’enseigne-t-il pas qu’il n’y a pas de meilleure mitsva qu’elle? Enfin, comment comprendre l’enseignement de Ben Hé Hé: n’a-t-on pas enseigné dans le premier chapitre qu’il faut servir Hachem sans penser au salaire, alors pourquoi nous dire que le salaire dépend de l’effort?
Nous l’avons déjà dit, le but de chaque juif sur Terre est de se parfaire, d’essayer chaque jour de s’améliorer. Et c’est pour atteindre cet objectif que ce livre des Pères nous a transmis les points importants à travailler, les pièges à éviter… Cependant, le Tana de notre Michna est venu nous prévenir que la seule arme contre notre mauvais penchant est la Torah. Comme il est écrit dans le traité Kidouchine(30;b): « J’ai crée le mauvais penchant et J’ai crée la Torah, son remède. » Ainsi, même si un homme décide de travailler sur lui-même, et veut se renforcer dans tel ou tel domaine, il faut savoir que s’il n’étudie pas en parallèle, il ne pourra pas véritablement changer. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que ce livre débuta par: » Moché reçut la Torah au Sinaï et la transmise à Yéochoua… », pour nous prévenir que sans Torah, la suite du livre n’a pas lieu d’être.
Entres autres, Ben Bag Bag ajouta un point supplémentaire. Il est dit, au nom du Ari zal,qu’aucun jour ne ressemble à un autre. A tout instant, chacun doit effectuer une mission qui n’a été attribuée qu’à lui et que personne d’autre ne peut faire à sa place. De même, chaque époque de notre vie est unique et possède sa feuille de route qui lui est propre. Au cours du temps, une personne évolue et traverse l’âge de l’enfance, puis l’adolescence, la phase adulte, la vie de couple, le monde du travail,de ses enfants, la vieillesse… A chaque étape, les difficultés sont différentes, uniques. Cependant, nous devons savoir que la Torah donne les forces à chacun, à chaque âge, de surmonter les épreuves et se perfectionner. Voila ce que Ben Bag Bag nous enseigna en déclarant que « tout s’y trouve dedans ». Ainsi, le seul moyen pour acquérir de bonnes vertus toute sa vie est d’accompagner son travail sur soi par une étude de la Torah. Et lorsqu’il affirma « qu’il n’y a pas de meilleure vertu qu’elle », il voulait dire qu’il n’existe pas de meilleur moyen, pour arriver aux bonnes vertus, que l’étude de la Torah.
Cependant, nous devons savoir que celle- ci ne permet de changer que si elle est entreprise avec enthousiasme et chaleur. Car c’est grâce au feu de la Torah que nous pouvons étendre les braises du mauvais penchant. C’est pourquoi Ben Bag Bag nous met en garde: « Tourne la et retourne la! » C’est-à-dire étudie de toute tes forces, encore et encore car c’est ainsi que tu pourras te maintenir dans toutes les situations. De ta jeunesse à ta vieillesse, ne l’abandonne pas car le mauvais penchant se renouvelle chaque jour. Ainsi, grâce à elle, tu pourras atteindre ton but: te parfaire et acquérir de bonnes vertus. Désormais, nous comprenons bien en quoi cette maxime représente une véritable conclusion à ce livre des Pères.
Selon cette explication, nous pourrions croire qu’une personne qui ne sait pas étudier ou qui débute est condamnée à être la proie du mauvais penchant. C’est pourquoi Ben Hé Hé précisa que le salaire dépend de l’effort et non du résultat. Ainsi, une personne qui peine pour étudier, même si elle ne comprend pas beaucoup au début, possède la même possibilité de s’améliorer que celui qui sait déjà étudier. A la condition, bien évidemment, qu’elle apporte toutes ses forces dans son étude. Désormais, nous savons ce qui nous reste à faire pour parvenir à devenir meilleur. Alors ne perdons pas de temps, réservons nous des temps d’étude et de morale afin d’accomplir notre objectif: nous améliorer.
Inspiré de Nétivot Chalom sur Pirké Avot.